Composé de sept membres, Dropbunny est un groupe indépendant qui nous vient de Melbourne en Australie, et qui a déjà à son actif un premier album, "Hypothesis". "IO" présente une formation très originale, évoluant dans plusieurs genres différents, du post-hardcore au métal en passant par le jazz et la pop. En 18 titres, Dropbunny nous fait pénétrer dans son univers complexe, teinté de folie, de mélancolie et de brutalité. Une certaine expression d'un mal-être renvoie bien souvent à la new-wave anglaise de la fin des années 70, avec une couleur vocale et musicale qui se rattache un peu à Joy Division.
Clairement, les 70 minutes que comptent ce disque ne sont pas à mettre entre toutes les oreilles car Dropbunny nous entraine dans un univers complexe, mêlant souvent au sein d'un même titre, violence hardcore et douceur faussement rassurante. "Irredeemably Fucked", "CDFA", "The Nightmare From Which You Cannot Awaken", "Grimpan Cometh", ou encore "Beat" possèdent ainsi cette particularité, alternant la rage et une douceur presque pop. Le chant clair est hypnotisant tellement il est emprunt de profondeur et de lyrisme.
Le groupe se paye aussi le luxe de chansons plus accrocheuses avec quelques growls de bon aloi. Un titre comme "Another Lost Kind" a des allures de tube en puissance avec une facette néo-métal notamment au niveau du chant. Il en va de même pour "Hits Limbo From A Great Height" et "Pentagonal Plywood Prison" qui lorgnent vocalement du côté de la scène de Seattle des années 90, avec en point de mire ce que faisait Alice In Chains, mais mélangé à du hardcore. Avec "Jumped", il se permet même de proposer un titre quasi-atmosphérique et progressif de belle facture. Bien sûr, la facette brutale pure et dur ressort de temps à autre, comme sur "The Relentless Monumentum", histoire de ne pas laisser l'auditeur émerger des abîmes dans lequelles il a été plongé. Le disque se finit en beauté avec "There's Nothing Here And It Screams" regroupant sur plus de 7 minutes toutes les facettes présentées le long de l'album.
Mélange de Neurosis, Godflesh ou encore Mastodon, "IO" est certainement appelé à faire partie de ces albums cultes de par sa technicité, sa complexité... Et son inaccessibilité. Cela reste une belle victoire artistique !