Certains d’entre vous se souviennent peut être de l’album "We Are The Royal" sorti il y a à peine un an et premier méfait de la bande suédoise déjantée humblement nommée Royal Republic. Et bien ce dernier (enfin, ce premier) n’était qu’un simple amuse-bouche comparé à cette nouvelle production. En effet, le seul reproche que l’on aurait pu faire à ce petit frère, serait peut-être le côté légèrement linéaire des compos coup de poing punky de 2 min 30 chrono. Mais le groupe semble parti pour rester et s’imposer, et révèle de nouveaux atouts encore plus ravageurs dans ce "Save The Nation".
Si la voix d'Adam, encore mieux maitrisée ici, est toujours aussi détonante et captivante, les mélodies et riffs accrocheurs et immédiats (dans un style Punk, c’est préférable) et la rythmique carrée et plombée (les pains suédois ne sont pas leur spécialité), Royal Republic varie plus encore les plaisirs en ajoutant des touches d’exotisme à ses compos par le biais de certaines sonorités inédites, de ponts et break venant casser la vitesse, le tout parsemé d’un humour toujours présent en arrière-plan, suffisant pour donner une pêche d’enfer sans pour autant verser dans le gros délire. Simple exemple, le clip ci-dessous voit Adam chanter "I'm addic, dic, dicted to you" dans un décor bien propret et très vite nous comprenons qu'il pourrait bien chanter "I'm a dick, dick dick" (ndMr.Blue : la zézette). Et puisque nous parlons de progression, ajoutons également que, ça et là, des inflexions presque Pop (le mot est lâché, mais il n’est pas synonyme ici de vulgarité ou de facilité) émaillent ce "Save The Nation" d’une bien belle brillantine. Cet exotisme, nous le trouvons sur 'You Ain't Nobody' avec sa grosse ligne de basse et son côté Pop évident (les sons de guitare, la structure), dans un 'Strangers Friends Lovers Strangers' garni d'harmonica dégainant le riff Western par excellence pour un John Wayne en Stetson et Perfecto, ou dans 'Sailing Man', groovy à souhait, introduit par une boite à musique et évoquant les Red Hot Chili Peppers.
Dans une formule Royale classique, toujours aussi efficace, nous retrouvons les basiques et rentre-dedans 'Save The Nation', 'Make Love Not War', dont le titre complet vaut le détour, 'Addictive', ou encore 'Molotov', atteignant le paroxysme de l'agitation dans un 'Revolution' au très gros son sur lequel le groupe ne rigole plus du tout. Ils frôlent même la barre du raisonnable avec un titre bonus ultra-thrashy, 'I Don't Wanna Go Out' sur lequel les cris d'Adam se révèlent fort bien exécutés. Curieusement, si un tempo rapide est un peu le terrain préféré des Royal, les quelques mid-tempo n'en sont que plus marquant. Ainsi le Rock'n'roll 'Be Me Baby', 'Punch Drunk Love' ou l'irrésistible 'Everybody Wants To Be An Astronaut' (en écoute ici) avec ses claviers spatiaux à la Scoubidou et sa mélodie sifflée immédiatement mémorisable. Quand Royal Republic allie humour et efficacité musical, comment résister ?
Privilégiant toujours des formats tournant autour des trois minutes, nos tordus en colère mettent leur talent au service de l'extrême concision et du Rock, sans compromis, et avec une belle intelligence qui pourrait les emmener loin. Le groupe confirme, transforme l'essai avec ce "Save The Nation". Souhaitons-leur le meilleur pour l'avenir, car plus que L'Oréal, ils le valent bien !