Amis du Prog, bienvenu ! Avec Steve Cochrane vous serez à bonne enseigne. Enfin, à une enseigne pleine de bonnes intentions et d’influences prestigieuses, mais qui peine un peu à convaincre totalement. Car si ce disque embrasse une assez large variété de styles, possédant tous un lien avec le Rock Progressif, le résultat s’avère parfois un peu trop confus pour convaincre totalement.
Touchant aussi bien à du Rock progressif proche du Genesis des années 70, à de la Pop progressive dans l’esprit du Marillion de Steve Hogarth, qu’à du Rock planant rappelant parfois les premiers albums de Mike Oldfield, ou bien à du Folk technique et aérien qui n’est pas sans évoquer Rick Wakeman ou le Jethro Tull de la fin des années 70, ce disque n’est clairement pas aisé à cerner.
L’interprétation est de grande qualité et la maîtrise instrumentale fait honneur au style qu’elle supporte. Les guitares notamment, s’expriment avec une fluidité et une justesse qui leur permettent de conserver un équilibre admirable entre technicité et émotion. Tout au plus pourrait-on émettre un léger bémol au niveau de la voix, ou plutôt des voix. Si les vocaux aériens sont plutôt bien sentis et s’intègrent de manière harmonieuse aux ambiances musicales, le chant masculin semble parfois en décalage, que ce soit au niveau de la tonalité que du rythme. Si au regard des objectifs exprimés par Steve Cochrane, il y a lieu de penser que cela résulte d’un choix artistique délibéré destiné à accentuer les oppositions de styles et d’humeurs, il n’en reste pas moins que cela nuit parfois au plaisir d’écoute.
Ce problème se pose également au niveau de la structure des morceaux. La multiplication des atmosphères au sein d’un même titre est parfois déstabilisante. A l’image de "Just Clouds" qui étire ses plus de 10 minutes d’une intro planante peinant à décoller, à un rock douceureux qui semble hésiter entre ambiances aériennes, digressions médiévales et poussées électriques, le tout parait un peu confus. De manière générale, les chansons s'apparentent à une succession de petites scénettes musicales, très bien menées et assez convaincantes, mais qui ne parviennent pas à s’agréger de manière harmonieuse. De fait, l’ensemble manque de cohésion, de liant, de constance. Le constat est le même avec "Make Me Want To Sing" durant lequel on passe d’une fantastique partie de guitare à des vocaux et des chœurs qui sonnent de manière incongrue.
Cette disharmonie semblant assumée, il n’est pas aisé d'en tenir rigueur au groupe, mais c’est bien dommage au regard des qualités dont Steve Cochrane sait faire preuve. Un album en demi teinte à réserver aux amateurs aimant la diversité.