On a tendance à l'oublier mais Liv Kristine a entamé une carrière solo il y a bien longtemps déjà, dès 1998 et l'album Deus Ex Machina, alors qu'elle officiait encore au sein de Theatre Of Tragedy dont elle fut l'emblématique chanteuse de 1993 à 2003. Et bien qu'elle ait les coudées franches avec Leave's Eyes, le projet qu'elle a monté dans la foulée de son incompréhensible licenciement, la belle n'a jamais renoncé à s'exprimer depuis en solitaire dans un registre plus pop qui lui reste cher car lui correspondant peut-être davantage.
Quoiqu'il en soit, on se demande tout de même à qui peuvent bien s'adresser ces albums qui portent son seul nom. Déesse respectée du Gothic Metal, la Norvégienne demeure cependant une inconnue pour le grand public, auditoire auquel devrait pourtant s'adresser ces chansons taillées pour des ondes où elles ne seront pas diffusées. Car, il n'est pas certain que les amoureux de Leave's Eyes soient conquis par les escapades de Liv Kristine hors du giron familial, surtout lorsque celle-ci se perd dans une fadeur indigne d'elle, comme l'a malheureusement démontré un Skintight déjà oublié deux ans après sa réalisation. Quatre ans plus tôt, Enter My Religion fut pourtant une bonne et rafraichissante surprise. Qu'en est-il de Libertine, son quatrième album solo auquel sa pochette, séduisante, nous donne (forcément) envie de nous intéresser ?
Si la jeune femme ravit comme toujours les sens et parait capable à elle seule de sauver n'importe quel morceau de l'ennui grâce à sa voix sucrée, force est de reconnaître que tout n'est pas indispensable dans cette petite quarantaine de minutes de musique. Ainsi, aux titres les plus Rock et accrocheurs tels que l'éponyme "Libertine", "Solve Me", aux courbes entêtantes ou même le charmant "Paris Paris", sa lettre d'amour à notre chère (?) capitale, sont collées des confiseries un peu trop sucrées, hésitant entre mièvrerie et mélopées sauporifiques, sauvées bien souvent de justesse par une qualité d'interprétation et d'arrangement salutaires. "Wait For Rain", "Silence", "Love Crime" ou la reprise de Kate Bush "The Man With The Child In His Eyes", dont la comparaison avec l'original ne penche pas vraiment en sa faveur, sont des chansons qui auront bien du mal à trouver leur public, coincées entre des oreilles peu portées sur ce genre de soupe mollassone et d'autres qui pourraient les apprécier mais dans lesquelles elles ne tomberont jamais. Positionnées pour la plupart d'entre elles dans la seconde du disque, elles contribuent de plus à déséquilibrer celui-ci.
Ceci étant, la belle se fait visiblement plaisir à explorer sa fibre la plus pop et n'est-ce pas là le principal, quand bien même elle ne parvient pas, même dans ses meilleurs moment, à se hisser au niveau des reines du genre ? Si Libertine possède nettement plus de charme et de réussite que Skintight, on préfère tout de même lorsque leur génitrice prête sa voix attachante au Gothic Metal nordique où elle se révèle nettement plus à son aise !