De nos jours, il est bien difficile de trouver du progressif avec un son ne se rapprochant pas du métal mais bel et bien du rock, donc plus soft, comme faisaient nos ancêtres des années 70. Même Beardfish, qui évoluait pourtant jusqu'à maintenant dans un registre très vintage, a durci son approche sonore avec ses 2 derniers albums. Ici, Fire On Dawson, formation allemande, compte à son actif un EP paru en 2007, un premier album, "Prognative" datant de 2010, et sort cette année son second album, "Seven Billion And A Nameless Somebody", s'inscrivant dans cette tendance de son flirtant avec le métal.
Les textures sonores y sont en effet assez dures dans des morceaux tels 'Pseudo Christ', organisé autour d'un riff mid-tempo se rapprochant du Hardcore, ou 'God Of The Lost' qui va malgré tout, avec ses 6 minutes, contrebalancer en permettant un développement plus poussé et donner une énergie qui a tendance à manquer tout au long de l'album. En effet, Ankur Batra, musicien Indien et leader du groupe, évolue dans un registre vocal assez restreint et semble manquer de puissance, obligeant la voix à être mixée particulièrement en avant et donnant un aspect mou à certaines compositions (le refrain de 'The Code' ne manque pas d'atouts mais est quelque peu gâché par cela). Ce problème se retrouve souvent au niveau instrumental dans le sens où certains morceaux se ressemblent énormément, autant dans le registre dans lequel ils évoluent que dans leur structure ('Pseudo Christ' et 'The Code' se suivent dans l'album et possèdent la même structure à un point troublant, avec un riff en introduction et un couplet dominé par la basse basé sur 2 accords un poil dissonants).
Heureusement, Fire On Dawson possède de nombreux atouts et parvient, en puisant son inspiration dans la musique de Porcupine Tree,, à donner naissance à de petites perles progressives. 'We Are All Vain', le morceau ouvrant l'album, est ainsi typiquement Porcupinien par son approche vocale (un gros travail sur les harmonies vocales tout au long de cet opus est à souligner), son riff principal sur une mesure à 7 temps, mais aussi par sa structure et ses ambiances rappelant fortement la période "Signify". "Synthetic Part 1" et "Synthetic Part 2" (qui auraient gagné à faire un seul et unique morceau de 10 minutes) sont antithétiques, la première étant composée de guitares acoustiques et dominée par un superbe solo floydien, et la deuxième revenant à une structure plus Rock et énergique. Ces deux chansons constituent le sommet de l'album avec de réels progressions et des jeux de polyrythmies assez intéressants.
Avec sa pochette qui reflète remarquablement bien l'univers du groupe, "Seven Billion And A Nameless Somebody" vaut réellement le détour pour tous les fans de Porcupine Tree, Anathema ou même Katatonia. On pourra facilement rajouter un petit point si l'on accroche au timbre du chanteur.