Avec "Psychedelic World Music – Discovery", le label Trail Records réunit sur une même galette de jeunes artistes contemporains venus d'un peu partout mais ayant tous en commun un certain goût pour la musique psychédélique. Fort à la mode à la fin des années 60, elle est depuis devenue un genre peu représenté dans la production contemporaine. Cet album est une bonne occasion de découvrir ou de redécouvrir un style musical qui a fait scandale à son époque.
Neuf groupes se succèdent : deux anglo-saxons (Triptych, Royaume Uni, et The Misteriosos, USA), trois venus d'Europe de l'Est (Mouches A l'Orange, Biélorussie, Deti Picasso, Arménie, et Grey Mouse, Russie), trois frontaliers de la France (Cosmic Vibration, Allemagne, Plootoh, Italie, et The Narcotic Daffodils, Belgique) et même un groupe chinois, Zhaoze.
Disons-le tout de suite : leur appartenance géographique ne se perçoit pas à l'oreille, en dehors peut-être de l'intro de 'Fishing For The Stars' aux consonances asiatiques. L'essentiel de la musique reste fidèle au genre qu'elle défend : mélodies hypnotiques, atmosphères mystiques ou planantes, effets de réverbération et d'écho, le tout s'appuyant sur des nappes d'orgue cotonneuses, une rythmique répétitive d'où émergent le plus souvent les cymbales, et de longs soli de guitare, généralement improvisés. Le chant, peu présent sur l'ensemble du disque, est volontairement impersonnel, comme détaché des contingences matérielles.
Si le style employé est assez similaire d'un groupe à l'autre, l'effet rendu connaît, lui, des hauts et des bas. Ainsi, 'Origins Of Life' ou 'Snow' s'avèrent assez pauvres et rapidement lassants, même si le second recèle un solo de guitare inspiré d'Hendrix et quelques notes de sitar pour faire couleur locale. Instrument que l'on retrouve sur 'The Crazy Dwarf', de même que le solo de guitare, sans que la musique ne décolle vraiment pour autant. Outre ses sonorités asiatiques, 'Fishing For The Stars' se démarque par ses touches post-rock. Mais comme pour les trois précédents titres, l'inspiration fait défaut et l'ennui gagne rapidement l'auditeur. 'Aurora' est l'archétype du titre psychédélique, et 'Sixty Nine' est une longue improvisation faisant vaguement penser à 'More'. 'Caronte' déroule une mélodie agréable entre claviers évanescents et chant aérien mais manque d'énergie. 'The Sun' et 'Kele Lao' sont plus convaincants. Le premier ressemble beaucoup à 'Set The Controls For The Heart Of The Sun' (que serait devenu le monde si Pink Floyd n'avait pas existé ?) avec son chant sans passion, ses tapis d'orgue et ses broderies de guitare. Quant au second, c'est le titre le plus tourmenté de l'album, dégageant une souffrance inquiète qui nous change des nirvanas vaporeux des autres morceaux.
Si "Psychedelic World Music – Discovery" permet bien de se replonger dans l'ambiance de la fin des années 60, les groupes livrent malgré tout une copie un peu trop sage de la musique de leurs glorieux ainés et manquent de charisme et d'inspiration. Le disque s'écoute sans déplaisir mais avec un ennui poli. Idéal comme fond sonore si vous organisez une réception.