Repéré en 2009 avec From The Brink Of Infinity, première offrande de bonne mémoire, que précédait le EP Daughter Of The Night, Whyzdom est enfin de retour, long délai qui aura vu passer dans ses rangs pas moins de quatre chanteuses (!), de Telya Melane, sa vocaliste historique, à Clémentine Delauney, désormais membre permanent de Serenity, sans oublier l'intérimaire de luxe, Lisa Middlehauve (ex Xandria), et enfin la nouvelle venue Elvyne Lorient. Gageons que cette instabilité fait dès lors parti du passé et que, fort de l'alliance scellée récemment avec Scarlet Records, les Français devraient franchir une étape supplémentaire vers le trône du Metal symphonique à chant féminin hexagonal, mais pas seulement. Ils en ont le talent et maintenant les moyens.
Œuvre ambitieuse s'étalant sur près d'une heure et quart sans jamais lasser, Blind ? impressionne tout du long. Grâce à sa prise de son d'une part, concoctée au studio Powermania par le guitariste lui-même et véritable chef d'orchestre, Vynce Leff, puissante, claire et riche de l'emphase symphonique (tant) recherchée par nombre de formations espérant marcher sur les traces de Nightwish et de Within Temptation. Les parties orchestrales sont belles sans être mièvres et n'ont (presque) rien à envier à celles d'un Therion par exemple, comme l'illustre un titre tel que "The Wolves". Grâce à son interprétation ensuite de laquelle, et nonobstant le boulot abattu par ses compagnons, on retiendra forcément la voix de Elvyne Lorient, pierre précieuse dont on espère que le groupe ne s'en séparera pas de sitôt. La jeune femme magnétise l'écoute, séduisant fil d'Ariane d'un album-fleuve qui lui doit beaucoup. Les six minutes que dure "The Lighthouse", opener d'une flamboyance heavy, lui suffisent ainsi pour mettre l'auditeur dans son corset.
Grâce à ses compositions enfin, qui réussissent l'exploit de jamais se prendre les pieds dans leur long canevas. Même le terminal "Cathedral Of The Damned", du haut de ses dix minutes au compteur, emporte tout sur son sillage sans s'essouffler à aucun moment, pandémonium orchestral grondant d'une force émotionnelle superbe. Pièces aux aplats sombres ("Dancing With Lucifer", "Cassandra's Mirror), vibrations intimistes ("Paper Princess"), morceaux heavy ("The Spider"), s'enchaînent pour un résultat qui force le respect et, reconnaissons-le, étonne de la part d'un groupe que l'on n'attendait pas forcément à un tel niveau d'inspiration et d'accomplissement.
Avec cet album plus mature que son prédécesseur, teinté d'amertume en cela qu'il exprime une certaine vision du monde profondément désenchantée, un avenir radieux s'ouvre donc pour Whyzdom dont on ne saurait trop conseiller à tous les amoureux du Metal symphonique de le découvrir au plus vite, si ce n'est pas déjà fait !