Depuis "For Lies I Sire" qui signait son retour en forme artistique en 2009, My Dying Bride n'a pas chômé. Il a tourné comme à son habitude et a surtout sorti deux disques en 2011. Le premier, "Evinta", est un triple album très ambitieux qui revisite le répertoire du groupe à la sauce classique avec de nouveaux arrangements et de nouveaux vocaux, et le deuxième, "The Barghest O'Whitby", est un Ep composé d'un seul titre de 27 minutes qui voit My Dying Bride revenir aux sources du doom et du death originel.
Tout ceci n'a pas ralenti le groupe qui, comme revigoré, nous propose déjà son 11ème album studio, " A Map of All Our Failures". C'est en confiance que l'on aborde cette nouvelle offrande d'un des plus grands représentants du doom britannique. La pochette surprend, le groupe abandonne de nouveau son logo primitif pour un logo plus lisible et classique, mais cela n'anticipe nullement un virage artistique. My Dying Bride et ses deux têtes pensantes, Aaron Stainthorpe et Andrew Craighan, gardent la bonne dynamique entrevue avec leur album précédent. On retrouve ainsi sur huit titres et plus d'une heure, le doom gothique à la foi romantique, sombre et violent qui fait le charme du groupe avec pas mal de relents death, et encore ces airs de violon qui font tant pour l'âme de la formation.
Tout l'album passe comme un splendide hymne à la tristesse et à la mélancolie de la part d'une formation qui s'est enfin complètement retrouvée et qui titille à nouveau les grandes heures de sa carrière. Tous les titres forment un ensemble d'une rare noirceur où s'entrechoquent airs de violons, passages d'orgues funestes, vocaux death terrifiants et un chant lancinant et poignant, le tout agrémenté de passages plus atmosphériques où seul un léger air de guitare vient briser un glacial silence. Clairement, "Kneel Till Doomsday", "Like A Perpetual Funeral", "The Poorest Waltz", "Hail Odysseus", "A Tapestry Scorned" et "A Map Of All Our Failures", forment un tout mêlé d'une beauté noire qui replace le groupe au sommet d'un art mélancolique et tourmenté.
Tout cela nous amène vers une fin majestueuse et glaciale, car avec "Within The Presence Of Absence" et "Abandonned As Christ", My Dying Bride conclut en beauté ce qui est clairement un concept sur la faillite et les faiblesses de l'être humain. La première, très lancinante, est magnifiée par le violon et les vocaux d'un Aaron qui chante sa peine avec une conviction rare. Enfin, "Abandonned As Christ" nous scotche d'entrée avec un riff aérien prenant qui installe doucement une ambiance et qui, petit à petit, se met au niveau de "The Cry Of Mankind" dont il semble le cousin proche. Avec la même lenteur et le même sentiment de répétition infernale, le groupe crée un nouveau chef d'œuvre de doom dépressif et un titre indispensable de la carrière du groupe.
My Dying Bride est bel et bien de retour parmi les morts-vivants et a retrouvé toute son aura. "A Map Of All Our Failures" en est la preuve éclatante. L'album se place avec brio dans le panthéon des meilleurs albums du groupe et ravira les fans et les amateurs de doom. Le travail a fini par payer et les Anglais ont repris leur place sur le trône de la misère de l'âme humaine.