Tank fut l'un des fondateurs de la fameuse NWOBHM mais, à l'instar d'un Angelwitch ou d'un Samson, il n'a pas profité de la vague pour surfer sur sa crête trois décennies durant, comme ont pu le faire Iron Maiden, Saxon, Def Leppard et Motörhead. Pourtant, tout était réuni pour que le miracle ait lieu: un premier album marquant, le fameux "Filth Hounds Of Hades" produit par Fast Eddy Clark (Motörhead), un chanteur hors norme issu de la scène Punk (Algy Ward, qui donna au groupe sa couleur Punk Heavy Metal), un second album, "Power Of The Hunter", sorti la même année (1982) qui fit monter un peu plus les enchères, et deux albums remarqués, l'excellent "This Means War" (qui reçu un fort bon accueil malgré son virage Heavy Rock) et un "Honour And Blood" (1985) qui amena Metallica à leur proposer de tourner à ses côtés. Et puis patatra, le refrain classique, problèmes internes, manque de stabilité au sein du combo, un management et une maison de disques qui n’y croyaient pas vraiment… Résultat des courses, après un album peu impactant en 1988 ("Tank") il faut attendre 2002 pour découvrir le peu inspiré "Still At War" et 2010 avec le convainquant "War Machine" pour retrouver une once d'espoir de retour réussi.
Le nouveau frontman y fut pour beaucoup. Doogie White, dernier chanteur de Rainbow ("Stranger In Us All" – 1995) n'est pas le premier venu. Ses qualités vocales, dans la veine d'un Ronnie James Dio, sont indéniables : Schenker ("Temple Of Rock") et Malmsteen ("Attack !" et "Unleash The Fury") peuvent également en témoigner. Il a apporté son expérience et la diversité musicale au nouveau Tank et il poursuit son œuvre sur ce nouvel essai, un "War Nation" qu'il convient maintenant de décortiquer.
Opus composé de dix morceaux, dont un instrumental et une ballade, ce huitième album des anglais propose du Heavy Rock classique, sans originalité - il n'aurait pas dépareillé dans le paysage musical des 80's - mais assurément efficace. Les riffs assénés tiennent parfaitement la route, on songe souvent, sur ce plan là, au premier Dio (l'impression étant forcément renforcée par la voix) surtout sur le titre éponyme, mais également sur "Song Of The Dead", "Don't Dream In The Dark" et "Wings Of Heaven". Pour ce qui est des mélodies, il ne faut pas être ici trop exigeant, peu aidé par des paroles abusivement banales, elles ne retiennent véritablement l'attention qu'à de rares moments comme sur "Hammer And Nails", "Grace Of God" (qui respire Maiden), la ballade "Dreamer" et l'instrumental "Hard Road", ce qui est rare dans cet exercice. Le mid-tempo est souvent de rigueur, sauf sur "War Nation", le speed et réussi "Justice For All", et le peu convainquant "State Of The Union" qui reluque du côté de Saxon. Il peut également être noté que les soli sont fréquemment de bonne qualité, même dans les morceaux les plus faibles.
Ce Tank là n'est donc définitivement plus le même groupe que celui des origines. Le côté Hard cradingue du premier album n'est plus à l'ordre du jour et son penchant pour un Heavy rempli d'emphase (rappelez-vous les titres "Honour And Blood", "Echoes Of A Distant Battle" et "This Means War") n'est également plus au programme. Il reste donc un combo de Heavy Rock classique qui a le mérite de proposer avec ce "War Nation" un opus traditionnel mais bien exécuté à même de pouvoir intéresser les amateurs du genre pour peu que leur degré d'exigence ne soit pas trop élevé.