A première vue, rien ne distingue Seremonia du dernier groupe de Hard-Rock vintage mâtiné de proto Doom venu, et surtout pas la présence dans ses rangs d'une chanteuse, artifice plus qu'à la mode pour le meilleur ou pour le pire. Ajoutons à cela une origine finlandaise qui ne surprendra personne car le pays des mille lacs demeure aujourd'hui encore le principal berceau de cette religion, terre qui a vu naître aussi bien Tyranny, Reverend Bizarre que Shade Of Despair. Et on aurait tôt fait de cataloguer cette jeune formation parmi les suiveurs qui ne manquent jamais d'affluer dès lors qu'un genre ou une tendance ont le vent en poupe.
Seulement voilà, Seremonia n'est ni The Devil's Blood ni Jex Thoth car sa musique ne ressemble même à rien de connu. Cette singularité, il la doit au moins à deux facteurs. D'une part, il y a cette voix féminine, celle de Noora Federley, franchement originale, davantage maîtresse d'une cérémonie occulte qu'une simple et banale chanteuse. Son timbre incantatoire séduira autant qu'il rebutera les oreilles plus habituées aux mélopées angéliques. D'autre part, le choix de recourir au finnois surprend, contribuant à accentuer l'étrangeté de ces lignes vocales.
Si derrière, les trois autres musiciens restaurent l'éclat d'un Heavy-Doom seventies, ils ne se contentent pas de réchauffer quelques recettes vieillies en injectant de discrètes touches psyché voire progressives à une musique plus subtile que puissante, plus portée sur les ambiances et les mélodies que sur les riffs plombés. Les notes de flûte qui émaillent "Hautakiven Varjossa" lui confère ainsi un petit côté folk/prog scandinave des plus agréables et poétiques cependant que l'instrumental qui le précède gravite au bord d'un gouffre cosmique grâce à des sons venus d'ailleurs que n'aurait pas renié le Pink Floyd le plus halluciné.
Basé sur une architecture curieuse où pistes très courtes, de une ou deux minutes, alternent avec d'autres (un peu) plus longues, sans pour autant déborder d'un format traditionnel mais dont chacune d'entre elles possède une accroche particulière, de "Aamurusken Kaupunki" et ces teintes spatiales au divinatoire "Lusiferin Käärmeet", ce premier opus éponyme baigne dans des atmosphères irréelles d'un occultisme hivernal et dont seule la (trop) courte durée - à peine une demi heure - vient tempérer un avis pour le reste hautement élogieux. Car, malgré ce goût de trop peu et quand bien même il est évident qu'il a volontairement été conçu ainsi, Seremonia éveille la curiosité, et ce faisant, donne envie de suivre ces Finlandais pas comme les autres...