Américains, les cinq membres de Zechs Marquise nous la jouent à la familiale avec en son sein trois frères formant notamment la partie rythmique. Après un album autoproduit en 2008 ("Our Delicate Stranded Nightmare"), le groupe revient à la charge dans le cadre d’une démarche toujours solitaire –on n’est jamais mieux servi que par soi même - avec cette galette qui date déjà de l’année passée. A la lecture de leur site web, il est aisé de conclure que Zechs Marquise s’est forgé une réputation sur scène car la liste de leurs prestations est impressionnante. A l’heure où sortira cette chronique, ils seront proches de passer par la France (Tarbes le 04/11 et Toulouse le 05/11 au mythique «Le Saint Des Seins») et il serait dommage de passer à coté de cette bande d’illuminés talentueux.
En effet, si l’électro-prog-jazz qu’ils distillent pêche un peu sur disque, il doit exploser lorsqu'il est libéré de toute contrainte. Comment résister à ces déferlantes de loops de claviers (Guajira) faisant penser à un Jean Michel Jarre transposé trente années dans le futur ? A cette basse ronflante introduite par des vocalises féminines – pratiquement les seules interventions vocales de la galette – de The Heat, The Drought, The Thirst, And The Insanity ? Ou le jazz-rock tonitruant de Getting Paid ?
Sincèrement, ces jeunes sont fous et l’on imagine la difficulté qu’ils ont dû rencontrer pour tenter de passer toute cette énergie et cette envie sur une rondelle de plastique. Si les guitares déchirent généralement l’atmosphère tendue lors d’interventions aiguisées, elles réalisent aussi les relances successives nécessaires pour maintenir l’auditeur en haleine.
Aux limites du Vulgar Unicorn le plus expérimental (celui du dernier album), cette formation nous propose ainsi un album majoritairement instrumental dont l’intensité ne se relâche que très rarement. Réservé aux amateurs de prog extrême, moderne et instrumental, Zechs Marquise saura combler les férus de sons biscornus et alambiqués tout en sachant titiller l’oreille de ceux qui se situent à la limite de cette frontière. Une belle réussite récompensant cinq jeunes instrumentistes au talent indiscutable.