Moins de deux ans après "One Among The Living" qui fut accueilli avec beaucoup d'enthousiasme par le public amateur de rock néo-progressif, le nouvel opus de Mystery arrive avec la difficile mission de ne pas décevoir les espoirs des fans désormais nombreux. Benoit David qui fut, entre temps et brièvement, la voix de Yes et son complice Michel Saint-Père nous proposent un album qui pourrait être moins ambitieux que le précédent au vu de la formation plus restreinte : Nick D'Virgilio titularisé à la batterie et Antoine Fafard à la basse, et une seule invitée, Marilène Provencher-Leduc à la flûte.
Moins de musiciens signifierait-il moins de grandeur musicale ? Ce serait mal connaître les ressources de ces deux artistes québécois que d'imaginer cela. Michel Saint-Père n'est pas qu'un excellent musicien aux guitares et aux claviers, il assure aussi à l'enregistrement, au mixage et à la production. Techniquement, "The World Is A Game", est un album irréprochable, au son bien équilibré et pourvu d'une belle dynamique. Ce n'est pas "Pride", le premier grand titre de ce nouvel opus, qui démentira cette affirmation, sur près de 11'30 les montées en puissances alternant avec les passages plus calmes, servant d'écrin aux vocalises de Benoit. Si avec Mystery le chant monte parfois dans les aigus, ce n'est pas dans un registre 'yessien', mais plutôt dans celui d'Aluisio Maggini (Clepsydra), ce qui sied bien au style symphonique des compositions.
Outre deux courts (mais forts jolis) instrumentaux, "A Morning Rise" qui sert d'introduction à l'album et "The Unwinding of Time", quatre compositions durent entre six et huit minutes, laissant la vedette au "Pride" évoqué ci-dessus et surtout à "Another Day" et ses dix neuf minutes qui closent en beauté cette nouvelle aventure "mysteryeuse' ... Les compositions sont riches en mélodies avec quelques thèmes accrocheurs qui permettent de rapidement s'y attacher. Michel Saint-Père qui se partage entre guitares et claviers, semble ne pas trop privilégier les uns au détriment des autres, même si les soli de guitare sont un peu plus présents que ceux de claviers. La batterie de Nick D'Virgilio n'est pas mise trop en avant, comme c'est parfois le cas dans les productions rock, de fait la ligne rythmique encadre et souligne efficacement le travail des frontmen sans jamais l'écraser. Il serait à ce titre injuste de ne pas saluer l'efficacité d'Antoine Fafard à la basse.
Le Québec est un bon terroir pour le rock progressif et Mystery prouve avec "The World Is A Game" qu'il est l'un des groupes leaders du genre. Ses trois derniers albums étant tout aussi recommandables les uns que les autres, ce serait une faute de goût de ne pas en avoir au moins un dans sa discothèque. Comme après chaque critique élogieuse, il ne reste plus qu'à émettre le souhait que ces sympathiques québécois nous pondent encore de nombreuses galettes de cette trempe.