Malgré ce que l'on pourrait croire, Krakow n'est pas un groupe qui vient de Cracovie, mais bel et bien de Norvège, l'un des pays phares du Metal moderne aux côtés de la Suède. C'est aussi un groupe qui a tourné avec Enslaved en 2008, Secrets Of The Moon en 2010, et qui repart sur la route avec le premier cité en cette fin d'année. Ils n'en sont donc pas à leurs premiers balbutiements, même si après un premier album en 2007 et 2 EP, "Diin" n'est que leur deuxième album. Après avoir commencé avec des compositions de type Stoner-Metal, ils ont progressivement dérivé vers un style l'on pourrait qualifier de Post-Metal, empruntant la violence et les sons lourds du Metal et les ambiances atmosphériques et envoûtantes du Post-Rock.
Un rapide coup d'œil aux titres, très poétiques, ('Hymn To The Winds' ou 'Into The Distant Sky') pourra donner un indice sur le contenu de cet album. Krakow est un groupe atypique qui mise plus sur l'ambiance plutôt que les riffs ou la technique, caractéristiques du metal. On y retrouve néanmoins beaucoup d'éléments : les rythmes très lourds, aptes à poser des séquences atmosphériques très intéressantes, ou les dissonances, créant un effet assez malsain qui s'accorde bien avec l'univers du groupe... Le son est presque toujours agrémenté de distorsions, sauf dans de rares cas (le break acoustique de 'Mound' ou certains passages de 'Sense Of Space'), contribuant à renforcer l'aspect sale du groupe. La musique est, de manière générale, basée sur des enchaînements de passages violents avec du growl, et de moments plus calmes qui servent de transitions entre les différentes parties du morceau, caractéristique qui pourra faire penser à Opeth.
Si le premier morceau, 'Hymn To The Winds', débute l'album sur les meilleurs auspices, proposant un rythme lourd soutenu par des accords dissonants et rejoint par un chant très intense et mélodique auquel vont succéder des chœurs aériens déroutants mais efficaces, la pièce maitresse qui domine cet album de toute sa majesté, c'est bien 'Mound'. Cette pièce de 12 minutes est réellement un monument, un joyau étincelant de noirceur comme pourrait l'être 'Blackwater Park' d'Opeth. Un crescendo réellement subtil autour d'une suite d'accords d'une rare intensité (le tout sublimé par un son démentiel) va laisser place à une véritable libération, une explosion accompagnée d'un growl surpuissant. En fait, sans révolutionner le monde du métal, Krakow semble être passé maitre dans le détail qui fait mouche comme ces quelques notes de guitares éthérées au sustain infini qui, sans se fondre dans la masse, donne un aspect mystique à la musique, ou encore, ces accords de piano à peine perceptibles obtenus en frappant les touches, qui amènent une sensation de folie vraiment réussie et angoissante (notamment sur 'Mark Of Cain', un morceau dynamique et nuancé qui reflète bien l'esprit du groupe).
Krakow est un groupe qui mériterait d'être connu. Il s'est forgé un style bien personnel qu'il a développé de bien belle manière sur "Diin". Mais attention, cet album possède une ambiance réellement malsaine voire dépressive qui nécessitera de nombreuses écoutes attentives pour en saisir toute la substance. Une oeuvre destinée aux amateurs de musique lourde et planante qui n'ont pas peur d'être bousculés...