En 2008, "Ouvre-Moi", avait laissé à la rédaction le sentiment que Piège à Rêves possédait un fort potentiel et la volonté de se créer un univers bien particulier. "Libre Comme L'Ombre", en 13 plages et 55 minutes, signe le retour du quatuor savoyard. Il semble difficile de spécifier des associations entre la musique et d'autres artistes tant elles paraissent multiples. L'éventail est tellement large qu'il sera possible de parler de Jacques Brel, Léo Ferré, Saez ou bien encore Hubert-Félix Thiefaine et évidemment Eiffel et Noir Désir. Cette liste non exhaustive pourra également varier en fonction de chaque auditeur. Alors plutôt que de parler d'influences, intéressons-nous au contenu de cette galette.
Les textes sont écrits totalement en français. Complexes, sombres et précis, ils nous entrainent parfois dans des situations du quotidien et narratives ('Déjà Tard'), sur des registres plus poétiques ('L'Arbre') ou plus revendicatifs ('On s'en balance'). Si le chant pourra parfois vous perturber dans sa forme, la qualité des textes sur l'intégralité des plages mérite largement le détour. Coté musique, le groupe fait également le grand écart de bien belle manière, allant du folk au rock bien énervé et se laissant même aller à la guitare manouche. Les cuivres apportent également un certain relief à l'œuvre et il sera franchement difficile de s'ennuyer lors de l'écoute de ce disque.
Parmi ces treize plages, citons 'Déjà Tard' qui, dès les premières secondes de l'opus, nous plonge dans une atmosphère nocturne et humide. Les images se formeront rapidement dans votre esprit, le tout sur une petite ligne de guitare acoustique et quelques percussions. Pour 'La Fièvre', le groupe renforce la sensation de chaleur en choisissant d'utiliser des sonorités orientales. 'La Révolte' est, à mon sens, le plus beau texte de l'album. La description de la naissance du mouvement jusqu'à son apogée est parfaite. L'omniprésence de la ligne de basse sonne la cadence de la foule qui gronde en arrière plan, les cuivres quant à eux, pleurent pour rappeler que la révolte est toujours à double tranchant. Enfin, 'On S'en Balance' ferme le ban avec une suite de près de neuf minutes. Cette unique longue chanson ne pourra que ravir les amateurs de Rock Progressif puisqu'elle contient de nombreuses variations franches et bien amenées et que le groupe s'amuse à varier avec brio les styles musicaux, les nappes synthétiques et les jeux de mots.
Avec "Libre Comme L'Ombre", Piège à Rêves semble avoir gommé les petits reproches du passé. Si vous prenez le temps de vous plonger dans ce disque, vous risquez fort de développer une addiction vous poussant à y revenir très régulièrement.