Il est des groupes à qui on ne voit pas quoi reprocher mais dont la musique laisse l'auditeur relativement indifférent. Il y a fort à craindre que Sailor Free ne fasse partie de cette catégorie. Ce dernier est un groupe italien dont le premier album éponyme est paru en 1992. Après un second disque en 1994, le groupe entre en hibernation avant de se reformer en 2010 et met deux ans à réaliser "Spiritual Revolution", un concept-album narrant une histoire inspirée du Silmarillion de J.R.R. Tolkien, se déroulant dans un futur proche et censée exprimer la révolution de l'esprit avant celle de la matière.
Le morceau d'ouverture, judicieusement baptisé 'Spiritual Ouverture', est un classique des concepts albums. On y entend un lent crescendo de samples, de sons diffus, de voix, suivi d'une mélodie plus franche où chaque instrument se présente. Puis, après une pause, une flûte improvise sur la douce mélodie d'un piano cyclique. Même s'il ne brille pas par son originalité, le titre a le mérite de donner envie d'écouter la suite.
Malheureusement, celle-ci ne s'avère pas plus originale et va enchainer les poncifs d'un metal progressif light : guitares lourdes, batterie appuyée, tempo globalement rapide, le tout traversé de passages plus délicats, de quelques bruitages et de changements de rythme. Rien de bien nouveau, des plans musicaux entendus un millier de fois sans qu'aucune étincelle ne vienne réveiller l'ensemble.
Pourtant, les morceaux s'enchainent sans déplaisir mais ils manquent de vigueur. Les tentatives pour diversifier la musique tombent à plat, qu'il s'agisse de l'intervention d'une flûte sur l'intro, d'un violon sur 'Spiritual Revolution', de violoncelles (synthétiques ?) sur 'My Brain', d'un chant féminin sur 'The Curse', ou de voix parlées ici et là. De même, l'alternance de titres chantés et instrumentaux ne vient pas rompre ce sentiment de lassitude qui s'insinue au fil de l'écoute et les ruptures rythmiques manquent de finesse dans leurs transitions. La musique est agréable mais sans grande inspiration, les musiciens font leur boulot mais sans grande virtuosité, le chant est sans faiblesse mais sans âme.
On a le sentiment que le groupe fait de réels efforts pour imposer son concept mais ne réussit qu'à fournir un travail certes honorable mais laborieux. Cependant, il s'agit peut-être d'une affaire de goût : si vous aimez un progressif pas trop aventureux et un brin répétitif, au pire vous baillerez poliment, au mieux vous aimerez...