Un Opéra Blues Rock, cela vous titille, vous intrigue ? Vous en rêviez peut être. Alors restez ! Car de l’Opéra Blues Rock vous n’en trouverez qu’ici, offert par le Blues Power Band. Alors que la tournée de leur premier album, "Shoot Shoot Don’t Talk", battait son plein, le BPB s’interroge : Pourquoi ne pas tenter, dans notre univers musical qu’est le Blues, un truc qui ne s’est jamais fait !? Et voilà comment, quelques mois plus tard, après un long processus créatif et un passage aux studios Abbey Road, atterrit dans les bacs un étrange album au livret de 32 pages (joliment graphé par Dom SD) appelé "Zee". Cet album, assez riche, n'en est pas difficile à digérer pour autant.
Le principe est simple: le Blues Power band s'offre, à la recherche de notre fameuse et inconnue Zee, un tour du monde en musique. Ainsi, le groupe envoie son Blues-Rock en le teintant, au gré des miles parcourus, d'ambiances diverses. Tout débute dans la douceur rougeâtre d'un couché de soleil et d'une guitare andalouse, mais très vite BPB nous rappelle pourquoi il est venu, même si 'Got A New Truck' ne possède pas la force et l'originalité de 'The Missing'. Nous traversons ensuite Londres, Naples, Moscou, Berlin, Bahia et même les Etats-Unis, des bayous du Mississippi ('Mississippi Joe' gavé de slide) à la célèbre Route 66 ('Went To The Marquee') en passant par le soleil de Floride et les plaines de l'Ouest ('Riding With Jane', '100°F'). Même le temps se détraque puisque nous atterrissons en Asie mineur en 1300 avant JC, pour le véritable tour de force de l’album, un 'Tchoga Zanbil' lourd et épique, au riff et orchestrations orientales majestueuses, et qui se paye le luxe de s'achever sur un Rap pas honteux du tout. Certains titres évoquent un Blues roots plus classique, comme 'Zee I Miss You So' ou 'Below', d'autres se déclinent en français dans le texte ('Reviens Zee'), d'autres encore sentent la Soul comme 'Aftershock' garni de claviers et des cuivres chauds de ses prestigieux invités. Après une éreintante recherche, 'The End' vient clore cette quête avec la classe imparable du vieux Blues formule BPB. Et puis, pour enfoncer le clou, le groupe nous fait même la grâce de partager son retour à la maison en balançant avec ‘Home’, ‘Somebody’ et sa suivante furieusement instrumentale, un Blues-Rock des familles, fédérateur et familial, qui clôt avec pêche et bienvenue un tel périple.
Certaines étapes citées plus haut, sont de véritables tours de force qui justifient à eux seuls l’achat de la galette (ajoutons-y 'Fortune' et 'Marsquake'). Car il faut bien avouer que l’équipe enfile avec classe les multiples déguisements empruntés ici, et la voix de Bannish, les guitares comme la rythmique se plient avec brio aux inflexions Gospel, exotiques (le chaloupé 'Noite Doce Em Bahia'), Folk, Country, Rock n' Roll… Le seul bémol pourrait être que certains titres plus courts (de transitions oserions-nous dire) viennent, en apportant du lien à l'histoire, diluer l'unité de l'album. Par exemple 'Cosa I Lé Zi ?' chanté en créole, plutôt rigolo, nous fait un peu perdre pied entre deux titres très puissants. Le Blues Power Band aurait pu se contenter d'un album rempli de 10 à 12 titres (et rien ne vous empêche de l'écouter ainsi), mais cela n'aurait été qu'un album de blues de plus, très bon certes, dans la grande famille des albums de Blues. Par contre, si vous êtes de ceux que l'Opéra Blues intrigue et ravi, alors rien ne viendra perturber l'écoute de l'album complet.
Au final, le pari semble réussit malgré ces quelques légèretés qui pourraient sembler délayantes et incongrues aux puristes. A conseiller à ceux qui aiment allier voyage et musique, en espérant qu'ils trouveront Zee avant la fin du périple, et que comme nous, ils l’adopteront.