A force de vous dire que Klone était la locomotive de la scène métal française dans le sens large du terme, il fallait bien que ça arrive un jour ! Au gré de quatre albums et un EP, Klone a su se forger une identité et un son qui lui sont propres et c’est avec délectation et bon nombre de questions que nous attendions donc cette cinquième offrande. Est-ce que "The Dreamer’s Hideaway" allait définitivement sceller le statut d’incontournable des Poitevins qui allaient poursuivre leur essor et côtoyer les firmaments métalliques ?
Et c’est "Rocket Smoke" qui est en charge de propulser "The Dreamer’s Hideaway" vers son orbite stratosphérique ! Une entame sur des bases groovy à souhait qui vous colle à la peau, tout comme son refrain imparable et son break ensorcelant que n’aurait pas renié Tool ! Clairement, dès les premières mesures de "The Dreamer’s Hideaway", Klone prend son envol en ne nous laissant aucune échappatoire : tout inconscient qui s’aventurera dans l’expérience n’aura d’autre choix que de succomber ! C’est dans ces conditions, que le titre éponyme déboule, titre à tiroirs par définition avec son saxophone dissonant et envoûtant qui perpétue les orientations prises le temps de l’EP progressif "Eye Of Needle". Passée l’accalmie du tubesque "Into The Void", s’en vient l’hypnotique "Siren’s Song" qui finira d’envoûter les éventuels réticents à la recette Klone, qui n’auraient pas eu recours aux subterfuges d’Ulysse. Bien que moins alambiquée, la suite n’en reste pas moins efficace, comme "Corridors" ou encore le surpuissant "Rising", rappelant les racines extrêmes du combo !
Le temps d’une escale instrumentale ambiant ("Stratum") et Klone reprend son essor dans des sphères plus intimistes à la faveur du grandiose et aérien "Walking On Clouds" encore une fois sublimé par le saxophone psychédélique de Matthieu Metzger. "The Worst Is Over" -à l’instar des étapes qui lui succèdent- confirme le talent hors-norme d’un autre membre du groupe qui éclabousse de toute sa classe vocale cet opus, à savoir Yann Ligner dont le chant versatile oscille d’une tessiture chaude à la Maynard James Keenan et la rage d’un Joe Duplantier, notamment sur "Rising". A noter pour la petite histoire, que Doug Pinnick (chanteur/ bassiste de King’s X avec qui Klone a partagé une tournée européenne) vient partager le micro sur "A Finger Snaps". Avec "The Dreamer’s Hideaway" d’une densité (merci Mister Franck Hueso) et d’une richesse rare, Klone annihile les derniers reproches de linéarité que l’on pouvait faire sur "Black Days". A l’instar du final progressif "At The End Of The Bridge", Klone fait mieux que se renouveler, il se réinvente en nous proposant l’opus ultime qui regroupe en son sein toutes les facettes de l’art de Klone sublimées pour l’occasion.
En clair, avec "The Dreamer’s Hideaway", Klone poursuit son ascension glorieuse, à peine entamée par le départ de Michael Moreau remplacé par Aldrick Guadagnino. Dès lors, vous ne pourrez pas dire que nous ne vous avons pas prévenu. Avec un album qui postule d’office au rang d’album de l’année, Klone valide magistralement ce qui doit être dorénavant une évidence : il est devenu une référence incontournable pour tout amateur, non seulement de métal, mais de musique de façon générale !