Qu'on se le dise : la Suisse a beau être un pays pacifiste connu pour rester en dehors de tout conflit, ce n'est pas pour autant qu'on ne sait pas y exprimer la violence. Spylown, c'est la petite musique qui pourrait passer dans l'ascenseur qui vous emmène en Enfer, ou bien encore le bruit que feraient tous les canons d'un arsenal rutilant de la seconde Guerre Mondiale explosant à l'unisson - à l'image de la jaquette de ce "Depth", nouvel opus du quartet helvète.
Ne vous fiez pas à l'introduction de l'album, où le duo batterie/basse, aux sons très métalliques, donne l'impression d'un moteur qui a du mal à démarrer, avec des ratés qui se multiplient. La guitare, on ne peut plus saturée, les rejoint en cours pour les aider à lancer la machine infernale, qui part - à la 2ème minute - directement en surrégime.
L'arme de destruction massive est lancée, alternant d'énormes sons où tous les instruments se mélangent (cymbales crash et accords de guitares résonnants) avec des passages très nets, hachurés, où les musiciens se calent à l'unisson, tel que l'illustrent la deuxième partie de 'Pentagrammic Antiprism' ou l'intro de 'Give Me The Truth'. Lors de ces passages, on se rend mieux compte de la production soignée apportée à l'album. La voix, hurlante, est écorchée, monocorde, et toujours poussée au maximum, faisant effet de défouloir. De toute façon, on imagine mal une voix chantée sur une telle boucherie musicale.
Avec leurs chansons basées sur des riffs simples et assez peu mélodiques, les Suisses de Spylown misent tout sur l'impact, la puissance, le bruit. De telle sorte que l'auditeur s'oublie sous ce rouleau-compresseur et se sent comme nu, lessivé, torturé à la fin de cette bien trop courte écoute (38 minutes). Vous êtes prévenus !