Quatrième album en cinq ans : les Allemands de Frequency Drift poursuivent leur ascension dans les sphères progressives, et ce Laid To Rest pourrait bien les rapprocher encore un peu plus des sommets. Comme nous l'avions déjà écrit lors de la chronique du précédent album, l'excellent Ghosts, l'univers musical de Frequency Drift est empreint d'une atmosphère vraiment prenante, qui ne laisse pas les émotions de l'auditeur à sa porte.
La démonstration est encore plus éclatante sur ce nouvel opus, avec une entrée en matière pour le moins étonnante, dans tous les sens du terme. Ouvrir une page musicale avec un morceau intitulé Dead est déjà pour le moins gonflé. Mais quand les quelques 10 minutes de ce titre vous emmènent dans un univers très oriental, porté par les arabesques de violon de l'excellent Frank Schmitz et la voix protéiforme aux accents arabes de Antje Auer, le tout mélangé à l'habituel 'symphonisme' du groupe, impossible de ne pas se laisser transporter par delà les frontières en bousculant les habituels repères de notre bon vieux rock progressif. Et loin de s'en tenir à ce simple fait d'armes, le groupe va continuer de nous surprendre tout du long des 70 minutes de cette nouvelle production. Non pas que les formes utilisées soient véritablement aventureuses, mais en prenant le parti de prolonger chaque titre bien au-delà des durées habituellement constatées, Frequency Drift s'offre la possibilité d'enchaîner des ambiances et thèmes multiples, le tout avec des arrangements de grande classe au sein desquels le violon, là encore, tient une place prépondérante, non pas au titre de la simple touche folklorique, mais bien comme un instrument majeur de la couleur musicale de l'ensemble.
Alors certes, les 15 minutes de Cold pourront sembler parfois un peu longues, et ce titre en particulier aurait mérité quelques raccourcis pour gagner en intensité, mais à l'opposé de celui-ci, les développements magnifiques de Wish et le final aussi inattendu que merveilleux de Copper, dans lequel Antje Auer, après avoir goûté à l'arabe en introduction, nous gratifie de vocalises asiatiques (!), viennent immédiatement replonger l'auditeur enchanté dans un univers féérique, au sein duquel nos Allemands viennent même poser quelques touches métalliques, ou encore coller un petit clin d'œil à leurs compatriotes de Tangerine Dream en reprenant quelques mesures synthétiques répétitives si chères au groupe berlinois dans les années 70.
Proche de Magenta dans l'esprit, mais beaucoup plus efficace dans la construction d'atmosphères envoûtantes, Frequency Drift nous embarque définitivement en première classe avec cette nouvelle production. Vu l'évolution discographique du groupe, il ne semble pas prêt de descendre de son piédestal. Pour notre part, nous ne nous en plaindrons pas !