Arz : quel nom étrange pour un groupe de Rock Progressif ! Enfin pas tant que ça, car dans la galaxie prog', les acronymes originaux sont légion : prenez les Ark, les PFM, les A.C.T, les RPWL, les Gong. Quel contenu allons nous trouver, le nom ne nous renseignant que peu ? Un album de Zeul chanté, crié ou hurlé en cobaïen ou un disque de Neo-Metal slammé-rappé-hurlé pour éphèbes, boutonneux et pré-pubères. Comment résumer cet opus ? Ça a l'odeur du prog', ça a le goût du prog', ça sent le prog'... et c'est du prog' : du pur jus, du vrai, du pur et dur, du tatoué, du labellisé 100% pur prog' AOC, avec en plus un soupçon de passages heavy pour pimenter le tout. Voila donc une découverte intéressante : un gros son, une guitare présente, une batterie très en avant, une voix particulière et des synthétiseurs en veux-tu en voilà (aux sonorités parfois limite cold wave / new wave).
Le début est assez enchanteur avec une belle guitare acoustique, de belles mélodies (même si certaines parties de clavier sont assez convenues), quelques cavalcades effrénées (dans la plus pure tradition Yessienne) et des changements de rythme qui sont la marque de fabrique de ce style. Ensuite, la guitare se vêt tour à tour d’habits charmeurs et soyeux en acoustique, rageurs et chaleureux, toute en distorsions ou plus intimiste en mode classique (un peu comme "Horizons" de qui vous savez). C'est d'ailleurs cette dernière pièce acoustique qui reste la plus limpide de l'album. La basse quant à elle, apporte mélodie et groove. Seule la batterie, très en avant, semble par moments déstabiliser cet équilibre. Le duo fait un travail de tous les diables et il s'en tire bien : par moments il nous vient même l'envie de bouger la tête au rythme des battements.
Par-ci par-là, on reconnaît diverses sources d'inspirations : Yes, The Flower Kings ou d'autres pointures. Néanmoins, à l'image d'un Riverside, ce duo construit un son unique, un je ne sais quoi de personnel, une sorte d'hybride entre Arena (pour le côté Heavy), Saga (pour les claviers dominants) ou Djam Karett de "Suspension And Displacement" pour les nappes éthérées. Malgré tout, on décroche parfois du discours musical, on pourra se plaindre de la voix du chanteur qui pourra rebuter ou de la batterie mixée avec une caisse claire au son trop sec et claquant, puis un élément nouveau vient capter notre attention et le morceau (re)décolle... Les musiciens se font plaisir c'est indéniable, mais peut-être est-ce au détriment de la spontanéité et de l'urgence musicale ?
Au final Arz doit certainement être un acronyme avec :
A pour agréable ou aérien,
R pour riche, rageur ou rebondissant,
Z pour zététique...
Et c'est l'idée qui restera en fin de compte : l'art du doute ou peut-être le doute sur l'art.