D'un côté, les fioritures rythmiques de Virgil Donati dans Planet X, de l'autre, une musique plus directe, plus ancrée dans le hard en solo. Telle est la créativité bicéphale de Derek Sherinian. Bien que toujours excellemment entouré, le claviériste a tendance à parfois manquer d'ambition artistique lorsqu'il compose pour lui-même. Ce nouvel opus balaie cette crainte : c'est du tout bon !
Même si l'ouverture "day of the dead", sonne trop metal à la Zakk Wylde (et ses riffs aux harmoniques sifflantes), le break qui déroule le tapis rouge à Maître Allan Holdsworth nous plonge dans le planant, avant que le rythme ne s'emballe pour du metal/jazz fusion de haute volée.
Simplicité trompeuse donc, comme sur "god of war" et "trojan horse", les deux autres titres très agressifs. Le deuxième se trouvait d'ailleurs en bonus pour l'édition japonaise de "black utopia".
Personnellement, j'ai quand même préféré la subtilité des deux ballades "goin to church" et "a view from the sky", cette dernière rappellant "cause we've ended as lovers" de Jeff Beck. Le solo final est splendide. "Alpha Burst" lorgne aussi du côté du guitar hero anglais, et pour une fois, ce n'est pas Lukather mais Steve Stevens qui joue les plagiaires inspirés. On le retrouve pour son joli jeu flamenco dans "el flamingo suave", ou le violoniste Jerry Goodman s'intègre parfaitement dans un contexte acoustique proche d'Al di Meola.
Seule faute de goût, le dernier titre, le seul chanté, dans un style lourdingue au possible, ou le chanteur (Zakk Wylde, semble-t-il, puisqu'il n'est pas crédité) singe Ozzy dans une copie du Sabbath des débuts.