Il aura fallu attendre six ans pour avoir entre nos mains le nouvel album de Jadis et avec lui, une nouvelle mouture du groupe. En effet, pour la deuxième fois, les deux compères Jowitt/Orford sont partis vers d’autres aventures laissant seuls Gary Chandler et le fidèle Stephen Christey. Ces derniers pour compléter le line-up ont trouvé en Andy Marlow (basse) et Arman Vardanyan (claviers & piano) deux instrumentistes dans la lignée de leurs prédécesseurs. A vrai dire, il y avait une crainte puisque, suite au premier départ du couple d’IQ, Jadis avait enfanté d’un "Somersault" assez pénible et plus que brouillon. Alors qu’en est-il de celui-ci ?
Tour d’abord, l’empreinte sonore s’est éclaircie avec la disparition des multiples couches de guitares que Chandler avait l’habitude d’empiler pour obtenir des effets plus ou moins judicieux. Les claviers sont assez discrets et interviennent rarement en soliste (comme sur More Than Ever), mais plus souvent sous forme de nappes (Nowhere Near The Truth). La voix n’a, quant à elle, pas bougé d’un iota et reste immédiatement identifiable.
Bien sûr, le rock mélodique caractéristique de Jadis est toujours présent et navigue encore aux confins d’un néo-prog léger et accessible (You Wonder Why, All Is Not Equal). Pourtant, la guitare acoustique se veut beaucoup plus présente et monopolise même Learning Curve et la composition éponyme à un niveau que Chandler n’avait jamais osé proposer. Le piano apparaît pour la première fois chez Jadis et se forge même une solide part sur More Than Ever, ne laissant sa place aux claviers que pour une joute avec la guitare sur près de quatre minutes. Comme à chaque fois, un titre plus pop est présent. Cette fois, il s’agit de What If I Could Be There dont vous pourrez apprécier une partie de l’efficacité avec la vidéo présente en dessous de cette chronique.
Alors ? Est-ce un bon Jadis ? La réponse est : oui… Mais sans atteindre les sommets des deux premiers opus. Des compositions majoritairement longues, moins de fioritures, plus directes dans le sujet, des soli de 6-cordes judicieux, en un mot le projet a mûri. Il y avait donc bien longtemps que les Anglais ne nous avaient pas réjoui à ce point et c’est plutôt une bonne nouvelle qui prouve que, sans la paire Jowitt/Orford, Jadis – et son leader Gary Chandler - est encore capable de fournir un matériel de fort bon aloi.