Lorsque l’on vous annonce un nouvel album live de Motörhead, à quoi vous attendez-vous ? A un unplugged plein de délicatesse ? A un concert avec orchestre symphonique ? A rien de tout ça bien sûr, car comme l’annonce Lemmy au début de chaque concert depuis des décennies : "We’re are Motörhead and we play rock’n’roll !". La question qui se pose finalement est "Pourquoi sortir un nouveau live à peine un an après son prédécesseur dans le même exercice, en dehors de mettre de la couleur là où le noir et blanc l’emportait sur le Volume 1 ? " Il est malheureusement difficile d’apporter une réponse malgré toute l’affection que nous pouvons avoir pour Lemmy et sa bande dont l’honnêteté et l’intégrité ne peuvent cependant pas être remises en cause.
Présenté sous différents formats, coffret DVD + 2 CD, double vinyle, Blu-ray, double CD (la version qui nous intéresse ici)… "The Wörld Is Ours – Vol. 2 (Anyplace Crazy As Anywhere Else)" propose 3 prestations de Motörhead sur différents festivals, le Wacken 2011 représentant les 17 premiers titres (dont le premier CD dans son intégralité), auxquels se rajoutent 6 morceaux interprétés sur le Sonisphere 2011(à Hertfordshire), et 5 tirés du Rock In Rio de la même année. Le principal problème, c’est que le trio n’a pas pour habitude de varier sa setlist. Du coup, tous les titres du Sonisphere et du Rock In Rio ont déjà été joués au Wacken, et ceci dans des versions équivalentes, "Killed By Death" ayant même la particularité d’être présenté 3 fois. "Iron Fist" ouvre systématiquement chaque prestation avec la citation de Lemmy, celle du Sonisphere ayant la triste particularité d’annoncer en plus le décès de Würzel la veille, alors que "Overkill" vient sans surprise clôturer le show, lui aussi avec son incontournable phrase : "Don’t forget us : we’re Motörhead and we play fuckin’ rock’n’roll". La tradition, ça a du bon, mais Lemmy commence réellement à user la formule jusqu’à la corde, ce qui est déjà agaçant en voyant la setlist ne pas bouger de plus d’un ou deux titres après chaque album, mais qui devient carrément indigeste lorsque le même plat vous est servi plusieurs fois durant le même repas.
Mais en même temps, qui pourrait se passer de ces incontournables que sont "Iron Fist", "Stay Clean", "Metropolis" ou "Ace Of Spades" ? Qui est capable de résister à l’efficacité imparable de "The Chase Is Better Than The Catch" ou de "Killed By Death", ou bien ne prend pas un pied énorme à se faire piétiner par "Bomber", ou exploser par "Overkill" et sa double-pédale à fond les ballons ? Qui ne reste pas béat devant le solo de batterie hallucinant de Mickey Dee systématiquement inséré au milieu d’"In The Name Of Tragedy", même s’il enlève un peu de son efficacité à ce titre ? Ou encore, qui n’a pas envie de se laisser prendre au jeu du public qui crie le plus fort après les "One, two, three, etc…" toujours placés avant "Over The Top" ? Personne, car Motörhead et Lemmy sont des institutions et que l’on sait ce qui nous attend à chaque fois que l’on achète un album ou que l’on va à un concert de ces légendes.
Alors bien sûr, avec l’abondante discographie qui est la sienne, le trio pourrait tout de même varier un peu plus ses prestations sans pour autant que le nombre de classiques du groupe n’en soit altéré, même s’il faut bien reconnaitre que les derniers albums sont tous représentés par un titre. Evidemment, en dehors des fans ultimes, il n’y aura pas d’intérêt particulier à se procurer cet album, à moins que l’on ait vécu les 15-20 dernières années en dehors de notre système solaire et que l’on ait découvert Motörhead récemment. Malgré tout, on prend quand-même un bon coup de pied au derrière et un plaisir incontestable à l’écoute de "The Wörld Is Ours – Vol. 2 (Anyplace Crazy As Anywhere Else)", et c’est bien le principal, et tout ce que l’on demande à ce groupe sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise.