La carrière de Gary Moore n'étant pas entièrement dévolue à ses projets solos, il n'était pas évident de focaliser sur une période précise pour lui rendre hommage. Les artistes du label Lion Music, déjà sollicités pour Hendrix, Uli Roth, Jason Becker et Blackmore, ont ici choisi les années 80, période faste commercialement pour le guitariste irlandais.
La quasi totalité des 15 morceaux provient ainsi des albums "corridors of power" (1982), "victims of the future" (1983), "run for cover" (1985), "wild frontiers"(1987, le plus représenté avec 4 morceaux), et "after the war" (1989).
Exit donc la période blues qui allait suivre dans les années 90, et oubliées aussi les années 70, pendant lesquelles Moore n'a pas seulement accompagné Thin Lizzy ou Colosseum, mais également gravé plusieurs disques sous son nom.
Comme d'habitude, l'ensemble s'avère inégal. Le meilleur est à mettre au crédit des finlandais de Dogpound, auteurs d'un bon premier album, avec "led clones", un morceau écrit à l'époque pour ridiculiser Kingdom Come et en particulier la chanson "get it on", le titre faisant référence à la mode consistant à singer Led Zeppelin.
Autre réussite, l'instrumental "the loner" (qui était déjà une reprise puisque pas écrit par Gary Moore), une ballade poignante dans le style d'Europa de Santana, au sein de laquelle le néerlandais Joop Wolters insère un passage jazz-fusion audacieux.
On regrettera que House of Shakira, brillant combo de hard FM, se contente aussi d'une cover (le "shape of things" des Yardbirds magnifié par Moore sur son live "we want moore"). Quant à ceux qui ont tenté le changement, ils s'en tirent avec des fortunes diverses : Star Queen a courageusement un peu déformé les mélodies du tube "empty rooms" (que Moore avait sorti dans une bonne demi-douzaine de versions alternatives en quelques mois, c'était devenu un gag !) mais la voix de Stella Tormanoff n'a pas le bon registre. Le pire vient des italiens de Orion Riders, qui massacrent en speed metal de seconde zone "after the war".
On signalera un seul morceau rare : "she's got you", que Gary Moore n'avait enregistré qu'en live en 83, repris par Arabesque (seconde apparition de Wolters, du coup, puisque c'est son groupe).
Enfin, l'ombre de Phil Lynott apparaît puisque les deux morceaux qu'il jouait avec Moore sur "Run for cover" sont là : "military man" et "out in the fields", dans des versions assez moyennes cependant.
Un tribute pour les fans, bien garni (presque 75 minutes), mais les autres risquent d'être déçus.