Réputés pour ses prestations scéniques depuis 26 ans, Bootleggers n'avait plus donné de nouvelles discographiques depuis 11 ans. Quittant l'autoproduction pour rejoindre l'écurie DixieFrog, les Palois, emmenés par leur leader Didier Cere, nous reviennent avec un "Heart Of Dixie" qui fleure bon les paysages de l'Alabama et qui voit le quatuor se faire épauler par quelques pointures telles que Rusty Burns (Point Blank), l'harmoniciste Nico Wayne Toussaint, Dale Watson ou Don Raby. Voilà qui en dit long sur le carnet d'adresse du combo qui a déjà eu l'occasion d'ouvrir pour Johnny Hallyday, Dick Rivers ou encore Calvin Russell.
Et autant le dire sans préambule, l'écoute des 9 titres de "Heart Of Dixie" prouvera aux plus sceptiques que nous n'avons pas affaire à une bande d'amateurs ou de débutants. Section rythmique sans faille, guitariste qui tricote sévère, invités dégainant de délicieux soli de piano, orgue Hammond, violon ou harmonica, et compositions taillées pour les autoroutes et bars des états confédérés, tout est presque parfait. Presque, car le maitre des lieux, passionné dont il est impossible de remettre en question l'intégrité, l'expérience ou l'enthousiasme, possède malheureusement un accent français assez chargé qui finit par nuire à la crédibilité de l'ensemble, surtout lorsqu'il essaye de compenser en maniérant son chant de façon exagérée ("Red Nekkid").
Rien de rédhibitoire pour autant car il reste aisé de se laisser emporter par le talent de l'ensemble, en particulier lorsque les titres penchent vers un Rockabilly hyper entrainant et festif au refrains imparables ("Out Of Habit", "Exit 109"), le sommet du genre étant atteint sur "Mama Screw Your Wig On Tight", instrumental sur lequel guitare et piano bastringue s'en donnent à cœur-joie à grands coups de soli incendiaires. Beau moment également que la ballade "Alabama Highway", chaude et hypnotisante comme le disque rouge d'un soleil couchant sur les pleines que longe une autoroute sudiste. Et puis comment ne pas s'arrêter sur "Move It On Over", honky-tonk hyper entrainant (pléonasme ?) qui nous délivre une orgie de soli finement ciselés par les guitares de Frederick Bordeneuve et Rusty Burns, mais également les piano, orgue Hammond et harmonica. C'est d'ailleurs un des maitres de cet instrument, Nico Wayne Toussaint, qui introduit "51 Pieces" qui clôture l'album avec son Country-Rock efficace.
Voici donc un opus qui vous fera passer un excellent moment, pour peu que vous ne soyez pas sensible à l'accent du natif d'Orthez, point faible dont il est difficile de faire abstraction et qui a parfois tendance à faire passer Bootleggers pour un groupe d'animation pour soirées country. Pourtant, une fois dépassé ce point noir, "Heart Of Dixie" vous permettra de faire un sympathique voyage en pays Confédéré en compagnie de l'expérimenté quatuor.