Brothers In Bamako est le premier album du duo Habib Koité & Eric Bibb qui se sont rencontrés il y a dix ans pour la compilation "Mali To Mississipi". Habib Koité est le digne héritier d’un savoir ancestral utilisé au profit de la chanson, ce qui le place parmi les voix les plus influentes de l’Afrique contemporaine. Eric Bibb s’est quant à lui imposé dans la nouvelle génération des bluesmen, sans pour autant renier les héritages du folk et gospel. Quoi de plus naturel pour ce Malien et cet Afro-Américain, que de poétiser leurs textes, leurs guitares et leurs voix dans un blues transatlantique ?
Avant toute chose, cette union et cette histoire, que nos deux compères désirent nous narrer, nous plongent indéniablement dans l’actualité et les conflits politico-religieux du Mali. L’ambiance globale de cet opus nous fait voyager en Afrique au rythme du blues, et nous découvrons à cette occasion, le jeu subtil de Koité à la guitare ainsi que sa voix, capable de passer de l’aigu de tête, fréquent chez les Africains, à des notes très graves. Elle se marie en outre excessivement bien avec celle du baryton américain, Eric Bibb. La complémentarité de ces chants est remarquable, comme par exemple dans les titres ‘We Don’t Care’, ‘On My Way To Bamako’ et ‘Tombouctou’, le puits de l’espoir, composition d’Habib Koité au titre chargé de sous-entendus et dont les paroles éclairent à merveille l’engagement pacifique et humaniste des deux artistes.
Leurs jeux de guitares suivent le même chemin et donnent un rendu excellent, sublimé par une bonne production. Il suffit d’écouter les arpèges de nos deux compagnons dans le titre ‘Nani Li’ pour s'en persuader. Côté écriture, ce sont des textes souvent lourds de sens que l’auditeur pourra suivre en Français, en Anglais et en Africain. Pour finir, deux reprises étonnantes et réussies : une de Bob Dylan avec ‘Blowin In The Wind’, et la dernière de Grateful Dead avec ‘Going Down The Road Feeling Bad’.
À l’issue de ce superbe voyage entre la terre et ses racines, et l’avenir commun de l’Afrique et de l’Amérique, l’auditeur ne ressortira pas indemne. Une très belle expérience musicale.