Prototype n’est pas un groupe extrêmement prolixe puisque Catalyst est seulement le troisième album des Américains, quatorze ans après le premier EP Cloned. A en croire leur biographie, les groupes qui ont nourri l’appétit des musiciens de Prototype sont à chercher du côté des classiques du métal et métal progressif, Iron Maiden, Metallica et Dream Theater en tête. L’indice qui donne le mieux la teneur du contenu du disque est l’inscription de celui-ci sur le catalogue brûlant du label Nightmare.
Après une quiète introduction, c’est un son thrash qui déchire l’espace avec "Catalyst". L’auditeur ne le sait pas encore, mais ici démarrent 60 minutes de métal tranchant à faible dose progressive, qui a le don de désarçonner, avec ses éléments presque nu-metal dans le refrain. C’est la cassure qui accompagne la partie instrumentale initiée pas le solo qui donne les meilleurs arguments au côté progressif du groupe. Dans l’ensemble, tous les morceaux de Catalyst sont bâtis sur le mode couplet-refrain avec des séquences folk et plus tempérées qui viennent se caler pendant ou après les soli. On pense parfois à Evergrey ("Illuminatum" ou "Gravity Well") de par la puissance, ou Psychotic Waltz ("Cynic Dreams") pour les touches progressives.
Les titres n’offrent pas de grosses variations dans les rythmes ou les sons utilisés, mais le travail mélodique est souvent présent dans des refrains bien travaillés ("The Choosen Ones" et "The Ageless Heart Of Memory"). De bons titres tirent leur épingle du jeu, comme l’ambitieux "Fravity Well" ou le diablement mélodique "Catalyst". Les points positifs peuvent néanmoins être tempérés par la voix de Vince Levalois, sorte de Ray Alder très poussif, qui s’avère agaçante sur la longueur et par les ajouts malheureux de growls inopportuns ici ou là ("My Own Deception" ou "Into Oblivion").
Catalyst est un album très (trop) peu surprenant pour tenir en haleine pendant une heure pleine les amateurs de métal progressif les plus courageux. Ce disque doit être entendu avant tout comme du thrash agrémenté des passages folks ou plus tempérés. Bien que vendu sous l’appellation 'métal progressif', ce nouveau disque de Prototype risque de rebuter la clientèle habituelle, désireuse de plus de diversité dans l’architecture des morceaux ou dans les thèmes mélodiques proposés.