"Deceit, un artiste italien, ma chère Margotte !". Telle est la phrase, digne d’un animateur de nos plus éminentes radios, ouvrant "Nine", premier album de cette formation venue tout droit de Milan. A l’origine nommée The River Of Deceit, le groupe a rapidement raccourci son nom en Deceit, adoptant ainsi un patronyme plus facile à retenir.
Passée cette introduction surprenante, mais assez amusante, les Transalpins annoncent la couleur : ils ne font pas réellement dans la finesse, leur musique va droit au but et brille par son efficacité. Descendants directs de toute une lignée de groupes prestigieux, Soundgarden, Foo Fighters ou encore Queens Of The Stone Age en tête, "Deceit" nous envoie un déluge de décibels et une énergie très appréciable en déployant son rock à la limite du grunge, porté par des mélodies facilement mémorisables et des guitares dans la plus pure tradition du rock 90's. Le son est gras, la batterie est lourde, la basse s'obstine à faire les fondamentales et le chant se fait agressif ou plus doux à la manière de Josh Homme, dont l'influence est prédominante tout au long de ce "Nine" ('Wolfman' ou 'Last Song'). Le jeu assez nerveux des musiciens de manière générale va également dans ce sens.
Les Milanais ont en outre eu l'idée de truffer leur album de clins d'œil à leurs idoles : leur nom est une référence à un morceau de Mad Season, 'The River Of Deceit', Jimi Hendrix est mentionné dans l'un des titres, tandis que la chanson 'Too Fighters' rappelle bien évidemment le groupe de Dave Grohl. Malgré tout, Bruno Logan va - en particulier sur les fins de phrases des refrains - crier ses textes, ce qui, sans pour autant rompre avec les groupes précités, va permettre de s'en démarquer un peu. Et même si la plupart des titres sont fondus sur un même modèle, avec une section rythmique très présente et efficace, certains morceaux sont un peu plus originaux. 'First Father' est à ce titre un bon exemple car traitant du manque du père et de la relation père/fils de manière général, un thème assez intéressant et contribuant grandement à l'aspect tragique du morceau, illustré en partie par les cris de désespoir de Bruno Logan.
Si certains titres sont un peu plus faibles ('Bietto (Jimi Hendrix Never Dies)') et que le style du combo présente un sentiment de redite par rapport aux ténors du genre, "Nine" reste un album qui vous fera passer un bon moment et que vous pourriez même conserver dans votre discothèque si vous êtes un inconditionnel du style.