Pelagic Records oblige, Family cultive une certaine vision du Metal, lourde et moderne toujours, quasi évolutive parfois. Citant aussi bien Baroness, Tool, Led Zeppelin (?) que Mastodon, et arborant comme écrin de galop d'essai, un visuel magnifique à la Edward Hopper, on se doutait un peu que la musique forgée par les Américains ne se réduirait pas à un banal Sludge épidermique comme les aciéries du Nouveau monde en usinent (trop) souvent. Installé à Brooklyn, Family fait déjà montre d'une insolente maîtrise qu'il ne doit pas seulement aux quelques noms ayant enrichi de leur savoir-faire ce premier album, de Alan Douches (Mastodon) qui l'a masterisé, au guitariste et ami John Lamacchia (Julie Christmas) venu tapé un petit solo sur le titre "Daddy Wronglegs".
Si le bassiste Kurt Applegate déballe le chant énervé habituel, seule (relative) faiblesse de l'ensemble, derrière par contre, ça joue et surtout, ça joue bien. Les parties instrumentales sont superbes, explosant lors des compositions les plus longues, lesquelles animent une seconde partie foisonnante. Sorte de concept, l'opus tricote le portrait d'une famille et ses dysfonctionnements dus aux pouvoirs surnaturels que développent ses membres.
Les premiers morceaux, de "Bridge & Tunnel" à "Illegal Women", reposent sur un maillage râblé sous lequel couvent des mélodies libérées par des guitares aux riches harmonies et où l'ombre de Mastodon, forcément, s'impose. Puis, à partir de "Delphonika" et ses neuf minutes au jus, Portrait franchit un autre niveau, dévoilant de ses auteurs, un visage plus progressif encore. L'étiquette "Tool meets Unsane" prend alors toute sa raison d'être, avec en sus, ces soli vertigineux que n'auraient effectivement pas reniés certains dinosaures des années 70.
Tavelé de tâche de tristesse, "The Wonder Years" est perforé par un long et brillant pont instrumental cependant que "Othermother" s'ouvre sur des ambiances stratosphériques aux relents Post-Rock, avant de dérouler une trame alambiquée aux tubulures évolutives mais toujours propulsée par une force énorme. Là aussi, le chant est relayé au second plan, constante de cette seconde partie, expliquant peut-être pourquoi celle-ci l'emporte sur sa devancière.
Certains n'hésitent pas à présenter Family comme une révélation de la scène Metal US. Pourquoi pas ? Portrait impressionne en effet, mix jubilatoire entre puissance et mélodie, technique et émotion. A suivre de très, très près donc car il s'agit d'une excellente découverte. Il en existe encore...