Fidèle à son habitude, Jeff Waters ne tarde pas à donner un successeur à All For You et, contre toute attente, recruté en 2003 pour remplacé Joe Comeau, Dave Padden est reconduit derrière le micro, gravant donc avec Annihilator une seconde offrande, ce Schizo Deluxe, ce qui fait de lui le second chanteur, à l'exception du guitariste lui-même, a enregistré au moins deux albums d'affilée, alors qu'autrefois, Jeff usait les vocalistes comme d'autres les Kleenex !
Waters s'est-il assagi avec le temps ? Padden est-il aussi bien humainement que techniquement, le comparse parfait ? Un peu des deux peut-être. Il n'empêche que cette stabilité, toute relative toutefois, puisque la batterie, quant à elle, n'a encore une fois pas échappé au ménage de printemps (exit Mangini donc), fait plaisir à voir. Et à entendre, car nulle doute que l'entente entre Waters et Comeau tout d'abord, puis entre le premier et Padden ensuite, n'est pas étrangère à la très bonne tenue que les opus des Canadiens affichent durant les années 2000. Schizo Deluxe est un peu à cette seconde association, ce que Waking The Fury fut à sa devancière, soit un disque puissant mais ne possédant ni la variété ni tout à fait l'inspiration du son direct prédécesseur, All For You au cas particulier.
Annihilator fait donc, sur ce onzième opus, du pur Annihilator, et ça tombe bien, c'est ce qu'il sait faire de mieux. Ballades et pièces instrumentales remisées au placard, ce sont dix cartouches à la gloire du Thrash speed et technique que tire le trio, lequel va cette fois-ci à l'essentiel. Hormis le sombre "Clare" et "Something Witchy", aucun morceaux ne dépasse les cinq minutes.
Schizo Deluxe déroule un menu implacable, ultra heavy parfois ("Maximum Satan", "Pride", "Warbird" et son intro que ne renierait pas Overkill d'ailleurs), supersonique le plus souvent ("Drive", "Plasma Zombies"). La griffe de Waters est reconnaissable entre mille ("Invite It" et ce solo aux airs de déjà-entendu) mais qui s'en plaindra(it), quand bien même il n'est pas ici à l'origine d'hymnes intemporels, à l'exception de "Something Witchy" sur lequel il brille de mille feu.
Sentant peut-être une certaine routine arriver à grand pas, Jeff aura l'excellente idée, au moment de mettre en boîte Metal, de débaucher une pléiade d'invités, laquelle permettra au successeur de Schizo Deluxe d'être autre chose qu'un album de plus, cependant qu'Annihilator, son dernier opus à ce jour, ne verra le jour que trois ans (!) plus tard.