On sent chez certains groupes un potentiel, pas nécessairement en terme d'originalité ou de technique, mais une personnalité, un petit quelque chose qui fait que le message passe. Malheureusement, la production n'est pas toujours au rendez-vous et le propos s'en trouve amoindri et confus. Dans ces cas là, on a le sentiment que tous les morceaux se ressemblent et que la bonne impression de départ s'évanouit rapidement. La première écoute de cet opus de Solisia peut facilement renvoyer à cette description.
Solisia est un groupe italien qui présente ici son deuxième album après "Ordinary Fate", paru en 2010. Il officie dans un style métal mélodique teinté de progressif avec chanteuse, ce qui constitue à la fois son originalité et son intérêt. Il compte également dans ses rangs le bassiste de DGM, Andrea Argangeli.
"Universeasons" débute bien sur le titre eponyme à la mélodie accrocheuse portée par une ligne de chant originale et des plus agréables. Le chant est indiscutablement l'atout de ce groupe. Les mélodies d'Elie Syrelia se veulent créatives, parfois presque lyriques, notamment dans l'utilisation parcimonieuse de la voix de tête. On arrive à oublier cette production confuse où l'on ne distingue qu'avec peine la guitare derrière un mur sonore lourd et sombre, soutenu par un clavier plus rythmique que mélodique. Le sentiment plutôt positif du début s'efface peu à peu devant cet effet brouillon qui domine rapidement. La première écoute intégrale laisse ainsi un sentiment de frustration.
Heureusement le groupe possède plusieurs atouts : le grand talent d'Elie Syrelia au micro tout d'abord ainsi que la relative créativité de Wilson Di Geso aux claviers. La chanteuse dispose d'une voix à la fois puissante et raffinée qui rappelle parfois Floor Jansen (After Forever, ReVamp). D'ailleurs, la musique d'After Forever n'est pas très loin - il suffit d'écouter 'Kiss The Sky' - si ce n'est, outre cette production insuffisante, une moindre emphase symphonique. Elie sait se montrer plus rock ('Mind Killer'), voire résolument métal ('Dirty Feeling', 'The Queen's Crown'), ou encore variété sur 'Betrayed By Faith' ou 'I Loose Myself'. Les claviers de Wilson Di Geso, quant à eux, tiennent une place prépondérante dans la construction des morceaux, d'autant plus que l'on ne distingue pas toujours le travail rythmique de la guitare. Les mélodies sont souvent accrocheuses et enthousiasmantes, laissant une bonne empreinte dans l'esprit de l'auditeur ('Universeasons', 'The Gun Fall Silent', 'From Dusk Til Dawn', 'Symbiosis').
Si Solisia semble parfois chercher son identité, sa couleur musicale qui oscille entre métal mélodico-symphonique et métal progressif, le groupe se distingue au moins par la qualité de sa chanteuse. Le potentiel est là, il ne reste plus qu'à travailler la production.