Groupe formé par d'anciens membres de Karnataka et Magenta, The Reasoning avait immédiatement séduit un public avide de rock néo-progressif bien troussé, avec deux premiers albums dans la lignée de leurs groupes d'origine, avant que Adverse Camber ne voit le groupe adopter un style quelque peu plus rugueux. Deux années après cette excellente production, le groupe nous revient avec Adventures In Neverland pour lequel le poste de guitariste accueille un nouveau titulaire en la personne de Keith Hawkins.
Dès les premières notes de Hyperdrive, le ton est donné : les claviers aux notes cristallines façon Clepsydra envahissent l'atmosphère, accompagnés par une guitare tranchante distillant des mélodies splendides, tandis que la basse de Matthew Cohen se met au diapason en impulsant une rythmique dynamique. Après une bonne minute d'introduction, Rachel Cohen vient poser sa voix doucereuse sur ce maelström sonore, offrant un contraste saisissant entre les deux pôles de ce néo-progressif rappelant fortement Karnataka et à un degré moindre Mostly Autumn. Après quelques échanges couplet/refrain, un bon break instrumental permet aux musiciens de se défouler encore un peu plus les doigts, avant que la belle ne revienne en clôture avec le refrain de la chanson. Après 5 minutes et quelques, le tableau est plutôt réjouissant et l'auditeur sous le charme s'attend à passer un agréable moment en charmante compagnie musicale.
Mais voilà : titre après titre, la même recette se répète. Mêmes constructions, mêmes sonorités, et ce qui s'avérait plaisant au premier abord devient rapidement lassant, d'autant que la tonalité très monocorde de Rachel Cohen et le décalage entre son intonation et la dynamique instrumentale qui évolue en fond rend l'ensemble on ne peut plus monotone. Alors certes, les soli de guitare sont vraiment plaisants, tout comme la plupart des passages instrumentaux dans leur ensemble. De même, un titre comme Adventures In Neverland apporte un peu de sang frais à l'ensemble, et venant en conclusion de l'album, laisse finalement une impression plutôt positive. Mais cela ne suffit pas à faire oublier l'impression première, ainsi que quelques ratés comme Forets Of Hands Of Teeth ou la lancinante ballade Otherworld.
Autant l'avouer, cet album constitue une vraie déception. Pourtant, pris individuellement, chaque titre (ou presque) s'avère vraiment agréable à écouter, malgré l'absence totale de prise de risque par rapport aux productions précédentes du groupe. Mais l'assemblage de ces 10 plages ne parvient pas à convaincre, trop de similitudes d'un titre à l'autre venant entacher la qualité propre de chacun.