Le voyage dans le temps se poursuit avec Heavy Water Experiments, groupe entre les mains de l'Américain David Melbye, non seulement chanteur, guitariste, bassiste (etc) mais aussi compositeur et producteur. Effluves psychédéliques façon old Pink Floyd, riffs heavy à la Sabbath, trip hallucinogène, flower-power et Charles Manson sont convoqués par ce projet, conçu par son principal géniteur comme une combinaison entre ses deux précédentes formations, Fuzz Beloved pour le côté Heavy, et Ludivine pour la rythmique.
A première vue, rien de bien original à l'horizon donc, les années 60 et 70 ne cessant d'être citées ou copiées (c'est selon) par des palanquées de musiciens nostalgiques ne jurant que par son analogique, vinyle et occultisme de films d'horreur. On ne saurait du reste leur donner tort. Pour autant, et c'est ce qui le distingue du premier fumeur de pipe à eau venu, Heavy Water Experiments s'abreuve surtout aux bandes originales de film, celles concoctées par des maîtres du genre tels que Lalo Schifrin ou Ennio Morricone (on pense parfois au score de "La cité de violence", réalisé en 1970 par Sergio Sollima). Ainsi, "Black Glass Chateaux", "Afterlives" ou "Corbis And Cordelia", semblent-ils tout droit sortis d'une pellicule horrifique des seventies ou bien d'un giallo tel que "L'étrange vice de Mme Wardh" de Sergio Martino.
Hypnotique et coloré, le résultat a de quoi séduire. Ambiances percussives ("I Almost Exist") qui doivent beaucoup au jeu tripant du batteur Roberto Salguero, ou plus duveteuses, son d'orgue Hammond dégoulinant de partout ("Course Of Empire"), mélopées féminines et guitares Doom, définissent ce Philosopher Queen moins progressif que ses aînés et dont le guide est aussi le chant du maître des lieux, sorte de gourou possédé, lequel n'emportera sans doute pas l'adhésion de tous mais demeure un élément essentiel d'une identité parfaitement affirmée.
C'est rythmé et charmant, entre Rock psychédélique, Stoner Doom et musique de films. Restaurant cette chaude patine sans toutefois sonner daté, l'album se veut une délectable plongée dans la fin des sixties. Et tant pis s'il parait parfois un brin répétitif, certains thèmes étant repris sur plusieurs titres un peu à la manière des BO de films dont Philosopher Queen en ferait d'ailleurs une très belle !