Depuis son fameux "Live At Budokan", qui lui avait offert une renommée mondiale en 1979, Cheap Trick était en perte de vitesse. En effet, ni "Dream Police" sorti la même année, ni "All Shook Up", ni "One On One", pas plus que "Next Position Please" n'arrivèrent à la cheville, en terme de succès, de ce remarquable album enregistré devant un public japonais déjà conquis par le groupe depuis leurs débuts deux ans auparavant. Leurs fans avaient visiblement trop attendu de leur groupe fétiche question mélodies catchy dignes de l'Arena Power Pop qui avait fait leur réussite, sans compter que le Hard-Rock avait vu débouler la NWOBHM et, pour un groupe pas vraiment accès sur le côté Hard des propos, ce fût certainement déstabilisant. Où se situer en effet dans ce paysage musical changeant ?
En 1985, "Standing On The Edge" sortit donc sur la pointe des pieds. Mais, associés à nouveau à Jack Douglas, le producteur des origines, les américains surent, grâce à lui, à la fois moderniser leurs propos et retrouver le savoir-faire mélodique d'antan. Le disque a d'ailleurs été considéré comme leur meilleur collection de titres Bubblegum Bazooka Rock. Tout est ici dit: "Standing On The Edge" est à la fois Rock, puissant et catchy. La seule critique qu'ont pu trouver les rares détracteurs du produit, fût que les synthés étaient trop présents. A son écoute, ce n'est que pure mégotage d'éternels insatisfaits, car cet opus est une petite bombe.
Les tubes s'en donnent ici à cœur joie et l'album met vraiment de bonne humeur. Si vous voulez partir le sourire aux lèvres un matin, déprimé par un réveil chagrin, passez-vous façon mitraillette le pulsant "Little Sister", "Tonight It's You" qui explosa les charts (voir la vidéo ci-dessous), le magnifique "Love Comes", l'énervé "Standing On The Edge" et l'énorme "This Time Around" qui a dû hanter environ 300 fois les pavillons auriculaires de votre humble serviteur, la thérapie sera inimitable. Vous pourrez, pour les plus Rock (ou les moins Pop Rock c'est selon), également trouver au coin d'un riff, AC/DC sur "Wild Wild Women", Def Leppard sur "Rock On Night", Loverboy sur "Cover Girl" et les Blues Brothers (version Rock et pas Blues) sur "How About You".
Voilà donc bien un Cheap Trick à déguster sans modération. Le groupe n'a pas réussi son coup à chaque fois sur ses seize albums studios, mais là, franchement, vous pouvez foncer tête baissée.