"And Then They Were Three" … réduit à une formation en trio, Magenta nous propose en cette fin d'année 2011 son cinquième album studio que les pré-commandeurs auront pu découvrir petit à petit, le groupe leur diffusant les titres au fur et à mesure de leur réalisation, et ce dans différentes versions de mixage.
Après le conceptuel Metamorphosis, au titre évocateur d'une certaine mue, la bande de Rob Reed nous revient avec un ensemble de chansons plus ramassées, sorte de concentré de ses précédentes publications. Illustration parfaite de ceci, l'excellent Glitterball et son côté "yessien" (ah, quelles lignes de basse magnifiques !) vient lancer les hostilités et augurer une nouvelle fois de 50 minutes de bonheur, en rappelant à nos oreilles les débuts du groupe et l'excellent Revolutions. Plus consensuel mais franchement enthousiasmant, le puissant Guernica muni de ses guitares stridentes vient confirmer l'impression première que ce groupe possède vraiment un talent à part et que Christina Booth est une immense chanteuse, parvenant à transmettre des émotions incroyables. De plus, ses deux collègues rivalisent de nouveau de dextérité tant à la guitare qu'aux claviers aux sonorités toujours aussi caractéristiques.
Las, la suite va quelque peu venir doucher notre enthousiasme, quelques pièces s'avérant beaucoup moins ambitieuses que leurs deux consœurs, et surtout d'une qualité bien moindre : que ce soit le très rentre-dedans Breathe ou les insipides et très quelconques Raw et The Beginning And The End, nous avons affaire à des morceaux sans génie ni rebondissement, que notre président actuel qualifierait peut-être de "simplement normaux", ce qui sonne comme une véritable contreperformance aux oreilles de l'amateur de rock progressif. Restent pour se consoler l'atmosphérique Turn The Tide ou le somptueux Red qui prend enfin le temps de produire quelques développements, mais tout cela ne suffit pas à faire fuir l'impression globale mitigée qui ressort de l'écoute de ces neuf plages.
Le caméléon est un animal habile dans l'art du camouflage, ce qui lui donne un aspect passe-partout. C'est un peu le cas d'une bonne partie de la musique proposée sur cet album qui, loin d'être mauvaise, reste tout de même assez éloignée des highlights proposés jusqu'alors par le groupe. Simple palier permettant de reprendre appui pour se propulser de nouveau dans les hauteurs de la musique progressive ?