Alors que nous avions laissé le combo grec sur une forte impression de nouveau Textures, c’est avec une relative impatience que nous attendions le verdict du troisième album de la discographie de Tardive Dyskinesia. Avec la question qui tue : le groupe allait-il gommer les derniers défauts entrevus sur "The Sea of See Through Skins" ?
Premier constat de taille qui frappe d’entrée avant même l’écoute, c’est le flamboyant visuel qui caractérise la pochette de ce "Static Apathy In Fast Forward" ! Mais l’auditeur succombera aussi facilement aux attraits musicaux ? "Empty Frames" et "The Chase Home" entament les hostilités sur les bases d’un djent progressif qui caractérisait déjà son prédécesseur : riffs polyrythmiques surpuissants accompagnés d’hurlements plaintifs et écorchés à la croisée des chemins de ceux de Tijs Vanneste (Oceans of Sadness) et Samuel Bourreau (Hacride) donnant des relents post metal à l’ensemble. Si, à l’époque, nous indiquions que les grecs oeuvraient dans un registre djent/death progressif sans trop explorer le versant atmosphérique de la force, l'écueil est dorénavant réparé !
"Smells Like Fraud" perpétue cette mouvance à la nuance près d’un solo aux accents jazzy qui n’est pas sans rappeler Fredrik Thordendal. Dans la continuité, l’intro polyrythmique et le break de "Time Turns Planets" confirme cette impression Meshugghesque. Le premier single "Prehistoric Man" valide la recette décrite à la croisée des influences Textures/Meshuggah avec un solo rafraichissant très typé heavy metal. Histoire de reprendre ses esprits, Tardive Dyskinesia nous propose un interlude instrumental -"Indicator"- sur lequel il se mue en Ihsahn avec son saxophone dissonant ! L'auditeur ne pourra alors que succomber au charme antinomique clair/obscur de "Circling Around the Unknown" à l'influence Textures parfois un peu trop explicite. Le constat est identique sur le fabuleux final atmosphérique hypnotique de "Limiting the Universe"...
Pour répondre à la question introductive, "Static Apathy In Fast Forward" ne gomme pas totalement l’impression de redite ressentie à l’écoute de "The Sea of See Through Skins". Seulement, les grecs nous proposent désormais un patchwork d’influences multiples et parfaitement assimilées si talentueux qu’il gomme en partie le manque d’originalité !