Onzième album que ce "Busted" pour les Américains de Cheap Trick. Cet opus de 1990 a été pensé sur le même modèle que leur production précédente, "Lap Of Luxery" (1988), c'est-à-dire un disque construit autour d'un single potentiel. Sur "Lap Of Luxery", c'était "The Flame". Sur "Busted", Cheap Trick pensait au titre "Can't Stop Falling Into Love". Ce morceau atteint la douzième place dans les charts aux USA mais l'album stagna à la 44ème place. Comparé à la 16éme place de l'opus précédent, l'opération fût considéré comme un échec et Epic (Sony) vira Cheap Trick de son catalogue. Du coup, on ne revit le groupe que quatre ans plus tard (avec l'album "Woke Up With A Monster"), alors que jusque-là, ils avaient sorti un album tous les deux ans au plus. Il est permis, de ce fait, d'évoquer ici un disque de clôture de période.
Cheap Trick s'offrit sur ce "Busted", la participation de quelques pointures comme Mick Jones (Foreigner) à la guitare sur "If You Need Me", Chrissie Hynde (Pretenders) qui pousse la ritournelle sur "Walk Away", et Russel Mael (Sparks) qui fait de même sur "You Drive, I'll Steer". Pour les puristes, il est à noter que le titre où apparait Mick Jones s'intitulait à l'origine "Don't Ever Let Me Go", réarrangé pour l'occasion, il devait figurer sur le très bon "Standing On The Edge" (1985). Sur cet opus, les Américains naviguent toujours dans le style qui a fait leur renommée, soit un mélange de Big Rock, de Power Pop et de Hard FM dans un esprit insouciant et festif. "Busted" possède un gros son qui doit être attribué à Richie Zito (Bad English, Heart, Poison, White Lion, Ratt…) qui officie derrière les manettes.
Ce Cheap Trick souffle tout de même un esprit très Rock. Du Rock où l'on croise les Stones ("Back 'N Blue") les Beatles ("Had To Make You Mine"), Status Quo ("Rock'n'Roll Tonight"), David Bowie ("You Drive, I'll Steer") et Rod Stewart (pour qui était écrit à l'origine "Can't Stop Fallin' Into Love"). Les ballades habituelles, une marque de fabrique chez ces séducteurs que sont Zander et Nielsen, sont bien présentes, avec "Wherever Would I Be" qui a été signé par la (surnommée) Reine de la Ballade, Diane Warren ("Nothing Can Keep Me From You" de Kiss et " I Don't Wanna Miss A Thing" d'Aerosmith, c'est elle), le hit de l'album précité, "Can't Stop Falling Into Love", et le très réussi "When You Need Someone" qui aurait dû lui piquer la vedette dans les charts.
Un cru correct en fin de compte que ce "Busted" qui a été jugé trop commercial par ses détracteurs, ce qui est un tantinet étonnant dans la mesure où les Américains ont toujours cherché à aligner le plus de hits possible sur chacun de leurs albums. Le côté plus Rock (de base) que celui Power Pop cheap d'un "Standing On The Edge" peut par contre avoir brouillé les pistes, d'où le succès plutôt moyen de cet opus.