Avec ce treizième album sortit en 1997, Cheap Trick a tenté de revenir à ses sonorités d'origine, celles de son premier album. Le titre choisi est d'ailleurs le même, ce qui est assez rare pour le signaler. "Cheap Trick", plus communément appelé "Cheap Trick 1997" afin de différencier les deux albums, est donc Pop par petites touches certes, mais développe surtout un Rock brut, anarchique, voire bruyant.
Ici, les Américains ont souhaité proposer à leur public le disque qu'ils avaient envie de sortir en se débarrassant des carcans commerciaux dans lesquels les avaient toujours enserrés leurs labels successifs. Du coup, cet opus est sorti sur un label indépendant (Red Ant Records/Alliance). La pochette en noir et blanc ramène au premier album du groupe et c'est la première fois où Bun E. Carlos (l'impayable batteur qui ressemble à un banquier) et Rick Nielsen (le facétieux guitariste) ont les honneurs du recto de l'objet, alors que les deux séducteurs que sont Robin Zander, le vocaliste, et Tom Petersson, le bassiste, sont relégués au verso. Enfin, avoir les honneurs est un bien grand mot: disons plus précisément qu'ils y sont représentés par leurs instruments.
"Cheap Trick 1997" est un album de contrastes. Autant il peut être agréable à écouter, avec notamment les ballades "It All Comes Back To You" et "Shelter", ou "Carnival Games" qui renvoie aux Beatles, et les popisant "Say Goodbye" et "Hard To Tell", autant il peut être désagréable à ingurgiter lorsque les sons se font plus Rock, tellement ils sont bruts, assourdissants et dissonants. Essayez "You Let A Lotta People Down", "Baby No More", "Anytime" (qui se la joue Nirvana), ou " Wrong All Along" par exemple: vous en sortirez hagards et énervés.
Un retour aux origines, vraisemblablement, mais pas forcément réussi. Cheap Trick est né pour apporter joie et bonne humeur et faire remuer du popotin les jeunes filles dans les soirées estudiantines, pas pour broyer du noir musical. La 99éme position atteinte par cet album dans les charts parle d'elle-même.