Huitième album et changement de producteur pour Cheap Trick avec ce "Next Position Please" qui fût plutôt controversé à sa sortie. Pas assez Rock pour les uns, idéalement Pop pour les autres. Todd Rungren, le dit-producteur, fût souvent au centre de cette opposition d'avis, le produit étant considéré plus comme le sien propre que comme celui du groupe, sous-entendu: Rungren était si têtu que les musiciens l'ont suivi dans ses visions stylistiques comme un seul homme. Résultat des courses, "Next Position Please" amorça le déclin du groupe. Les opposants semblaient donc avoir vu juste.
L'album comptait douze titres à l'origine, mais deux bonus-tracks vinrent compléter l'œuvre sur les K7 puis les CD qui sortirent dans le commerce, soit "You Talk Too Much" et "Don't Make Our Love A Crime". Le premier est le titre le plus Rock de l'album. Il est loin d'être mémorable et ne dure qu'à peine deux minutes, ce qui amena les nostalgiques de ces sonorités à asséner que décidément, Rungren ne trouvait pas sa tasse de thé dans les sons Rock.
Une autre controverse chapitra ce disque: elle concerne la reprise de "Dancing The Night Away" des Motors, un groupe anglais de Punk/Rock qui eut son heure de gloire entre 1977 et 1980. Rungren refusa en effet de produire ce titre, on peut le comprendre à l'écoute peu convaincante du morceau, ce qui permit à Ian Taylor, qui s'était chargé de "One On One", le précédent opus des Américains, de s'y consacrer. Exit donc, pour manque de place (à l'époque la durée des vinyles était limitée), non seulement "Twisted Heart", mais aussi "Don't Hit Me With Love", car il avait également fallut, suite à des pressions de la maison de disque, caser "You Say Jump" qui ne brille pourtant pas de mille feux.
De nombreux morceaux sur cette œuvre sont plutôt insipides, comme "Won't Take No For An Answer", "Invaders Of The Heart" et "Don't Make Our Love a Crime", voire inécoutable tel "3-D" qui part dans tous les sens et énerve méchamment. Toutefois, quatre titres sortent à l'évidence du lot et mériteraient de figurer dans votre Best Of du groupe: "I Can't Take It", "Next Position Please", "Y.O.Y.O.Y." et "Borderline", tous hyper-mélodieux et potentiellement convertissables en hits.
En conclusion, un opus loin d'être irréprochable que ce "Next Position Please". Mais Cheap Trick se rattrapera deux ans plus tard avec le fort gouleyant "Standing On The Edge". Pour terminer et pour les amateurs de détails: la pochette est une parodie du "Born To Run" de Springsteen. Voilà c'est dit !