Bien que pièce maîtresse de deux hordes qui comptent parmi les plus Evil du moment, Ondskapt et, dans une moindre mesure, Valkyrja, on se doutait bien que le pur Heavy Metal des familles et le Speed Thrash à la Venom n'étaient sans doute pas pour déplaire à Simon Wizen (aka S.W.) dont les soli transpirent ces influences sans lesquelles le Black Metal ne serait de toute façon pas ce qu'il est. Qu'il rejoigne ses compatriotes de Die Hard en 2010, groupe biberonné au rétro Thrash, ne surprend pas tant que cela. Il y coule à merveille son jeu digne d'un guitar-hero, sans toutefois jamais gommer les miasmes noires qui l'entâchent.
Quand bien même Die Hard demeure le projet du chanteur et bassiste Harry, Conjure The Legions, qui arrive trois ans après Nihilistic Visions, doit beaucoup au guitariste, lequel enrichi fortement ces morceaux auxquels il imprime une espèce de flamboyance cryptique. Ce faisant, il permet au groupe de s'extraire de cette nasse d'esquadrons se contentant de dégueuler du sous-Venom. "Stand Up" et son ouverture lourde comme un panzer, "Sanctify The Morbid", que perforent de nombreux breaks et illuminé par des éruptions de guitare sans oublier "Masters Of Deceit" qui abat le petit bois à un rythme implaccable, sont clairement l'oeuvre de musiciens aguerris, pour lesquels les ficelles métalliques n'ont plus aucun secret.
L'originalité aux abonnés absents peut-être (tel n'est pas le propos d'ailleurs), il n'en demeure pas moins que Conjure The Legions, baignant dans ce satanisme de série B, aligne une petite dizaine de cartouches sans prétention aucune si ce n'est celle de restaurer l'énergie primale du proto Black Metal, celle qui palpitait dans les veines du Bathory originel et des premiers et bordéliques étrons commis par Cronos, Mantas et Abaddon. Mais comme souvent avec les Suédois (et les Scandinaves de manière générale), le manque de sérieux n'empêche pas un travail solide qui possède le savoir-faire éprouvé de mercenaires habitués à jouer dans une multitudes de formations, comme c'est le cas de Simon et du batteur Perra.
Sans bavure donc mais avec juste ce qu'il faut de saleté et de cette virtuosité dans les parties de guitare qui emporte tout. Une bonne pioche !