Avec la série des "Lost Broadcasts", Gonzo Multimédias semble avoir trouvé le bon filon. En effet, les archives de Radio Bremen et de quelques autres télés allemandes ont tout l’air d’être un réservoir inépuisable d’images de répétitions et d’enregistrements de combos plus ou moins connus. Pour ce nouveau volume, c’est le groupe britannique The Move qui bénéficie d’un retour sous les projecteurs, 40 ans après sa séparation au profit d’Electric Light Orchestra sous l’impulsion de Jeff Lynne.
Nous ne retracerons pas ici l’historique de cette formation, dont le principal fait d’arme fût l’incontournable hit "Blackberry Way" en 1968, et qui se fit une réputation grâce à quelques outrageantes tenues et prestations scéniques. Le DVD présenté ici, se compose de 2 différents enregistrements du groupe sur les plateaux de la télévision allemande citée en introduction, séparées de 10 ans d’intervalle (1969 et 1979). Comme pour rajouter à l’approche décousue de l’objet, les 11 titres ne respectent pas l’ordre chronologique des interventions. Pour être plus exact, il s’agit plutôt de 9 titres, "Ella James" ayant droit à 2 prises, la première étant interrompue par Roy Wood, et "Down On The Bay" bénéficiant d’une diffusion sur un fond aux couleurs animées après avoir été exécuté devant un fond bleu.
Le groupe se présente donc sous différentes formations, en quatuor pour les prises de 1969, et en quintet pour 1979, Jeff Lynne faisant son apparition dans le line-up alors que Roy Wood et Bev Beavan sont les seuls à participer à l’ensemble des prises. L’intérêt principal de ce document est surtout de montrer une formation qui a touché à plusieurs styles musicaux, ce qui explique peut-être le fait qu’elle n’ait pas réussi à s’installer durablement au sein du paysage rock britannique malgré le succès de "Blackberry Way". Lorgnant vers les Beatles à grand coups de chants en harmonies ("Blackberry Way", "Fire Brigade", "Wild Tiger Woman"), incluant des éléments Folk ("Carly" et sa flute), balançant un gros rock qui tâche avec intervention de slide ("When Alice Comes Back To Farm"), œuvrant dans un Heavy-Rock psychédélique, sombre et lourd ("Brontosaurus"), flirtant avec le progressif avec 2 pianos ("The Words Of Aaron"), ou basculant vers un Rock’n’Roll agressif à la frontière du Hard ("Ella James"), il est difficile de trouver un fil directeur clair à la démarche artistique de The Move.
Bien qu’handicapé par des prises de vue instables usant la rétine, "The Lost Broadcasts" fait tout de même figure de document historique mettant en valeur la liberté artistique d’une époque où les musiciens ne se laissaient pas facilement enfermer dans des cases étanches. The Move n’en deviendra pas pour autant le groupe incontournable qu’il n’a pas réussi à être en son temps, mais il évitera au moins un oubli que ses qualités et ses expérimentations ne mériteraient pas.