Blind Guardian a vu le jour au milieu des années 80, en pleine vague métal mélodique, à Kerfeld en Allemagne, dans le courant de l'année 1984, sous le nom de Lucifer's Heritage. A l'époque, le groupe comprenait déjà son chanteur-bassiste, Hansi Kürsch, et le guitariste Andre Olbrich. Sous ce nom, le groupe va écrire deux démos fortement inspirées par la formation en vue de l'époque: Helloween. C'est en 1988, et pour éviter d'être taxé de satanisme, que le groupe prend son nom actuel et se stabilise avec Thomen Stauch à la batterie et Marcus Siepen en 2ème guitariste. Ce petit monde va rapidement donner naissance à "Battalions Of Fear" en mai 1988. Le disque est composé en grande partie des titres de la deuxième démo sortie en 1986, plus un de la première de 1985, tous retravaillés. Le résultat donne un heavy-speed métal complètement dans l'ère du temps de l'époque, entre Helloween, Running Wild, et le thrash à la Metallica, avec pas mal de naïveté et d'imperfections. On sent que le groupe est encore jeune, mais avec déjà quelques bonnes chansons au programme. Bien sûr, le tout manque de maitrise: au chant Hansi s'arrache les cordes vocales et manque de subtilité dans son phrasé speed-métal, tandis qu'à la guitare, Siepen et Olbrich récitent leurs gammes sans sortir du schéma du genre, avec de la conviction mais sans grande originalité.
Malgré tout, il y a des chansons à garder qui montrent que Blind Guardian a déjà un petit quelque chose qui le sort de la masse. Ainsi, "Majesty" est pur moment de speed mélodique avec un très bon refrain assez épique. Ce titre aux allures de premier classique, présage en tout cas du meilleur pour le jeune groupe. Hormis ce sommet, on retiendra aussi un bon "Run For The Night", très speed et assez maitrisé. Hansi y reste de justesse dans le bon ton, mais on sent une réelle ambition au travers de ce titre épique et mélodique. De même, le titre éponyme laisse augurer du meilleur car, avec un chant plus sûr et une meilleure technique, Blind Guardian sortirait bien plus de la masse. On devine au travers des refrains et des harmonies que le groupe peut être bien plus qu'une simple formation supplémentaire de métal mélodique, tant il semble aimer les aspects épiques et les grandes histoires, et déjà quelques titres s'inspirent de l'œuvre de Tolkien.
A coté dans les chansons, le reste n'y a rien d'exceptionnel. Rien n'est mauvais ou raté et on constate que le groupe a peaufiné les titres de cet album depuis quelques années, mais on reste dans du speed germanique fort classique. "Guardians Of The Blind", "Wizard's Crown" ou "The Martyr" sont d'honnêtes morceaux, mais très génériques et qui auraient pu être composés par n'importe quelle formation de métal de l'époque.
Malgré des qualités et une ambition que l'on sent forte, Blind Guardian ne sort pour le moment pas de la masse et son premier album reste un album de speed métal parmi les autres dans une époque où le genre est très à la mode. Si ce n'est pour découvrir les premiers pas de cette formation, on ne conseillera ce disque qu'aux mordus de speed métal à l'allemande, tant il est loin d'être un incontournable d'un groupe qui se cherche encore.