Pas facile de se faire un nom dans le milieu du Glam-Hair-Metal US dans les années 80. Pas facile, sauf quand le destin a la bonne idée de mettre un certain Jon Bon Jovi sur votre route, et que celui-ci accroche sérieusement à la prestation que vous donnez à l'Empire Rock Club de Philadelphie en cette soirée de 1985. Alors quand en plus, il remet votre démo en main propre à Derek Shulman, responsable de Polygram/Mercury, il n'est pas surprenant que "Night Songs", votre premier album sorte sur ce label dès l'année suivante et soit produit par Andy Johns. Avec de tels parrains, (Jon Bon Jovi et Tony Mills de Shy participant également aux chœurs sur plusieurs titres) voilà une aventure qui démarre sur de bonnes bases.
Passée une pochette sur laquelle le groupe pose dans les tenues traditionnellement colorées du genre, les 10 titres présentés par le quatuor ne prêtent plus à rire, même si la bonne humeur est majoritairement de mise. Cinderella mise essentiellement sur la face Hard-Rock et y intègre quelques éléments du blues, évitant ainsi de n'être qu'une formation de plus. Portées par la voix aiguë de son leader Tom Keifer qui n'est pas sans rappeler celle de Brian Johnson (AC/DC), les compositions sont directes, efficaces et accrocheuses, et seule la power-ballade 'Nobody's Fool', choisie comme single, permet à la pression de retomber.
Ce "Night Songs" ne contient aucun temps mort et propose des titres dynamiques qui marquent les esprits. Du lent et sombre 'Night Songs' avec son riff aux accents moyen-orientaux, à l'efficace et accrocheur 'Push, Push' avec son refrain provocateur, en passant par le groovy 'Shake Me', un 'Once Around The Ride' taillé pour les virées en moto sur les highways US, le plus rapide 'Hell On Wheels' que n'aurait pas renié Saxon ou un 'Somebody Save Me' au riff digne d'un rouleau compresseur, chaque morceau fait preuve d'une forte personnalité, même si l'efficacité l'emporte sur l'originalité au cours des 36 minutes totales de cet album. Car Cinderella a également compris quelque chose d'important, c'est que la longueur d'un album n'en fait pas sa qualité.
Voici donc un premier opus qui a le mérite d'imposer directement Cinderella comme un des plus grands espoirs d'un style qui commence à devenir redondant, en respectant certains codes tout en y intégrant une identité déjà affirmée. Qu'on se le dise, loin du soleil et des plages californiennes, la scène du Nord-Est américain a, elle aussi, des choses à proposer et Cinderella fait d'ores et déjà partie de ses leaders.
NB: Si Fred Coury est crédité, c'est en réalité Jim Drnec qui a enregistré les parties de batterie sur l'album avant que Coury ne rejoigne le groupe.