The Last Bärons a beau être originaire de Basse-Normandie, une région qu’affectionne particulièrement votre serviteur, aucune concession ne sera accordée à Cheval De Troie. Ce groupe, s’il n’est pas le géniteur de son premier album, est une découverte et c’est sur le catalogue de l’excellent label Klonosphere qu’il est inscrit. C’est une fois de plus le pachyderme qui orne (!) la pochette du groupe comme pour rappeler la lourdeur et la puissance qui caractérisent grandement la musique du jeune quintet.
Essayer de mettre un nom sur cette musique au-delà des références dont se réclame le groupe n'est pas des plus évident. Les influences se retrouvent aux détours des riffs puissants familiers du grunge et du stoner rappellant Alice In Chains ("The Violent Kind") ou Queens Of The Stone Age mais aussi dans les nombreuses variations vocales qui accompagnent une musique pleine de groove, comme savait si bien la jouer Faith No More ("Rubber Boots").
Associer le nom de Mike Patton à celui du chanteur de The Last Bärons n’est pas exagéré tant celui-ci arrive à moduler sa voix en fonction des ambiances, qu’elles soient hypnotisantes dans "Shaman’s Warning Song", sorte de Tool sous sérotonine, survoltées avec "A Last Bevotchka" ou angoissantes sur "End Of The Beauty". Hormis un léger problème de justesse sur "Soul Grinder" et un accent qui sent bon les bocages normands il n'y a rien à reprocher à la voix porteuse de Julien Soler.
Cheval De Troie est un disque qui transcende les nombreuses influences avec une vraie qualité d’écriture. The Last Bärons possède une signature unique qui s’exprime à travers une grande diversité musicale. Aux riffs incandescents viennent se greffer des percées cuivrées et jazzy ("Hidden Sun"), progressives et chamaniques ("Cosmogony And Dimension Of The Mind") ou de folklores américains ("The Violent Kind" et "Going To Varzi").
On ne peut s’empêcher de prêter à The Last Bärons de folles ambitions et une importante marge de progression tant la composition est débridée au sein de la formation. Pour l’heure, c’est une heureuse découverte que ce Cheval De Troie solide et mature. Le groupe, brillamment porté par la gouaille hétérogène de Julien Soler, est parfaitement rôdé et la production limpide rend grâce à cette belle cohésion. Le futur de The Last Bärons sera suivi avec attention.