Avec son troisième album, "On The Third Day", Electric Light Orchestra poursuit lentement mais surement une trajectoire qui l'amène à simplifier sa musique pour la rendre plus accessible aux masses. Après tout, Jeff Lynne ne s'est jamais caché de l'admiration qu'il vouait aux Beatles et qui mieux que ces derniers a su combiner raffinement des compositions et succès populaire ? Après l'excentrique "ELO" et le moyennement progressif "ELO 2", et avant une kyrielle d'albums dont la musique sera beaucoup plus commerciale qu'aventureuse, ce troisième opus trouve un bien bel équilibre entre mélodies avenantes et finesse des compositions.
Electric Light Orchestra flirte une nouvelle fois avec le rock progressif sans vraiment franchir le pas. Ainsi, les quatre premiers titres qui remplissaient la première face du vinyle constituent une suite plus conceptuelle que musicale, au découpage peu orthodoxe mais aux mélodies finalement assez sages. Les premier et quatrième morceaux se partagent en deux parties distinctes, l'instrumental 'Ocean Breakup' ouvrant et clôturant cette suite d'un mouvement symphonique riche en violoncelles, alors que 'King Of The Universe' et 'New World Rising' qui leur sont accolés, tiennent plus de la pop chatoyante, même si 'New World Rising' se risque à quelques changements de rythme inhabituels. Les deux titres intercalés, 'Bluebird Is Dead' et 'Oh No Not Susan', sont de belles chansons d'une grande délicatesse interprétées avec toute la sensibilité dont Jeff Lynne est capable, mais sans aucune velléité progressive.
Plus complexe, tout étant relatif, 'Dreaming Of 4000' est un petit bijou où de brutales cassures viennent interrompre de magistrales envolées lyriques et où le léger reverb de la voix renforce le romantisme nostalgique du titre. Enfin, ELO tente une incursion moyennement réussie dans le monde du classique. 'In The Hall Of The Mountain King' est l'adaptation d'un mouvement de "Peer Gynt" de Grieg, entrecoupée d'une variation improvisée au violon, mais le titre traine en longueur. Il est vrai que l'intérêt de l'original réside dans la progression crescendo du tempo et des nuances. Difficile pour les deux violoncelles et le violon d'ELO de rivaliser avec la puissance d'un véritable orchestre symphonique.
A côté de ces errements finalement peu aventureux mais suffisamment recherchés pour donner du caractère à sa musique, ELO interprète quelques titres plus simples mais tout aussi agréables : l'instrumental 'Daybreaker' et ses mouvements conjoints enlevés oscillant entre moog et violon/violoncelles, 'Ma-Ma-Ma Belle', archétype du rock'n'roll entrainant, ou le chantant et symphonique 'Showdown' qui préfigure le style que le groupe va adopter sur ses futurs albums.
"On The Third Day" marque un tournant dans l'histoire du groupe. Pour la dernière fois, ELO adopte encore un ton intimiste, parfois sympathiquement amateur, et se risque à des signatures musicales atypiques. Mais on sent que l'usine à tubes qu'il va devenir est en marche, que l'écriture se condense, va à l'essentiel pour gagner en efficacité sans pour autant perdre sa poésie. Charnière entre sa période audacieuse et sa période plus commerciale, cet album reste le meilleur témoignage des qualités du groupe.