Trois années ont passé depuis la réalisation du premier opus de la trilogie Strangers On A Train et Clive Nolan, profitant à plein du boum autour du néo-prog en ce début de décennie 90 et notamment du label SI Music, nous revient avec la deuxième partie de sa saga, toujours entouré de Karl Groom et de Tracy Hitchings. Pour assurer le contrepoint vocal de cette dernière, Alan Reed, alors chanteur de Pallas, vient compléter le line-up pour une épopée musicale dans la lignée du premier volume, mais à l'ambition bien plus haut placée.
En effet, là où la première partie de The Key s'avérait essentiellement acoustique, au risque d'une certaine monotonie, cette deuxième production nous propose un espace sonore beaucoup plus varié. Certes, de nombreuses sections acoustiques perdurent, et les interventions en solo de Mr Nolan sont toujours d'actualité. Cependant, ce dernier nous gratifie d'une grande variété de claviers, allant du Mellotron à de gros sons de synthé typiquement néo, en passant bien entendu par le piano et autres orgues d'église.
Ce sont d'ailleurs ces derniers qui signent l'entame quelque peu poussive de la première longue suite qui ouvre l'album. Le tir est rapidement corrigé et même si l'enchaînement des différentes parties laisse parfois à désirer, ces 20 premières minutes sont de nouveau un étalage épatant des qualités de composition et d'arrangement du claviériste britannique, impliquant Karl Groom et ses guitares, acoustiques et électriques, bien plus que dans le premier opus. Et c'est d'ailleurs cette plus grande largeur du spectre musical abordé qui va donner toute son ampleur à cette nouvelle production, les composantes rock et symphonique plus marquées amenant indéniablement une dimension supplémentaire. Le quatuor ira même jusqu'à pondre un quasi-hit, avec la splendide ballade sympho-rock The Vision Clear, portée de voix de maître(sse) par Tracy Hitchings et pourvue d'un solo de guitare du plus bel effet. Ce titre trouve d'ailleurs son pendant instrumental, avec le non moins magnifique Hijrah.
Enfin, comment ne pas apprécier la dernière longue suite qui clôture l'album, sorte de synthèse des différents styles abordés tout du long des deux volets de l'aventure, avec, in fine, la reprise du thème initial de The Key, magnifié cette fois par les arrangements symphoniques à l'opposé des versions quelque peu dépouillées qui ouvraient et clôturaient The Prophecy. On pardonnera d'ailleurs rapidement l'utilisation de programmations en lieu et place d'un vrai batteur, la composante rythmique n'étant vraiment pas essentielle dans les parties concernées.
Annonciatrice des futurs projets de Clive Nolan, cette deuxième production de Strangers On A Train se positionne très clairement un cran au-dessus de sa 'petite sœur', en raison notamment de moyens plus importants mis au service de sa réalisation, tant au niveau de la composition que de la production. Cette réédition par Metal Mind, si elle n'apporte pas grand-chose de plus que la version initialement publiée sur le label SI, aura pour mérite de dévoiler au plus grand nombre ce qui semble comme le véritable point d'ancrage des productions 'made in Nolan' de ces 20 dernières années. Et franchement, on aurait tort de s'en priver !