"The Magicians's Birthday" est le cinquième album d'Uriah Heep et la suite logique de "Demons & Wizards" sorti à peine 6 mois plus tôt. La pochette dépliante illustrée par Roger Dean est l'une de ses meilleures. Ken Hensley s'affirme plus que jamais comme le principal compositeur mais déplore ne pas avoir eu assez de temps pour finaliser son idée d'album-concept qui aurait du être basé sur un de ses textes d'heroic fantasy, qui sera le sujet du morceau éponyme.
De fait, "The Magicians's Birthday" n'est peut-être pas aussi constant en qualité que "Demons & Wizards" mais pourtant le morceau d'ouverture, "Sunrise", est l'un des grands chefs-d'œuvre du groupe, avec un couplet touchant et un thème épique et majestueux qui se grave dans la mémoire dès le premier passage. L'album n'est pas tout à fait dans la mouvance Hard Rock même si plusieurs titres envoient du lourd comme le simple mais accrocheur 'Spider Woman' ou 'Sweet Lorraine' dans un genre similaire avec son refrain et sa ligne de synthé immédiatement reconnaissables.
Les vocaux clairs et lyriques de Byron, soutenus par les chœurs androgynes de Hensley, Kerslake et Box, sont toujours aussi remarquables. Ici, Uriah Heep revient aux guitares acoustiques mélangées aux électriques sur un 'Blind Eye' très entraînant et sur le mystérieux et planant 'Tales' avec ses synthés psychédéliques. Hensley se met au piano pour la très belle ballade intimiste 'Rain' et aussi sur le splendide 'Echoes In The Dark' qui démarre très doucement pour décoller dans une explosion orchestrale vers son milieu, où flamboient des chœurs lyriques, le tout soutenu par les guitares plus lourdes et l'inévitable orgue Hammond. Enfin, le morceau éponyme de plus de 10 minutes en trois parties, est l'un des plus progressifs du groupe avec ses deux thèmes et un sautillant et inattendu 'Happy Birthday' avec lesquels contraste une partie dramatique dissonante, débouchant sur l'énorme jam instrumentale guitare/batterie. Un véritable mini opéra-rock à lui tout seul, "The Magician's Birthday" est un point culminant dans le répertoire du groupe - qu'il ne rééditera jamais, hélas.
Avec cet album Uriah Heep confirme ses aspirations progressives, son goût des belles mélodies soigneusement arrangées et un éclectisme qu'aucun autre groupe étiqueté Hard Rock de l'époque ne possède, excepté Led Zeppelin.