Formé en 2004 en Floride par trois amis d’enfance, Traverser est un groupe qui compte 3 albums à son actif. Fortement influencés par le progressif des années 90, ils sont rejoints à partir d’Octobre 2009 par Jon Shaffer qui occupe depuis la place de guitariste rythmique, leur accordant ainsi une plus grande liberté de composition. « Redshift » est leur troisième album et, suite à une scission avec leur ancien label, il a été réalisé en autoproduction avec un soutien financier de la part de leurs fans, leur relative reconnaissance dans le milieu « Underground » américain leur assurant un budget décent.
Le titre de ce nouvel opus est inspiré du phénomène de Redshift (décalage vers le rouge en français), preuve astronomique de l’extension de l’univers au même titre que le Big Bang. Cela permet au groupe de cultiver son univers, déjà mis en place par un aspect graphique à travers les pochettes de leurs albums (en particulier « Telemetry ») qui témoignent d’un intérêt pour l’astronomie empreint de clins d’œil à « 2001 : l’odyssée de l’espace ». Passé ce premier contact visuel, il est temps de s’intéresser à la musique en elle-même.
Traverser s’inscrit dans une lignée progressive anglo-saxonne très moderne en s’inspirant de groupes comme Porcupine Tree (‘Nettlebirds’) ou Tool (‘Singularity’) avec l'omniprésence d’un son assez dur et de riffs très « metal ». Les parties vocales de ‘Varicose’ ou ‘Nettlebirds’ rappellent très fortement Porcupine Tree, notamment en raison du timbre de David Medairos, très proche de celui de Steven Wilson, créant ainsi souvent des décalages entre la violence de l’instrumentation et la douceur du chant. Les nombreuses polyrythmies et les jeux basse/batterie que l’on retrouve souvent tout au long de cette galette (‘Omega’, ‘The Turning Machine’ ou ‘Singularity’, cette dernière ressemblant de manière troublante à l’intro de ‘The Grudge’ de Tool, tirée de l’album « Lateralus ») révèle une volonté de laisser à chaque instrument la place de s’exprimer.
Mais la musique de Traverser comporte un fort aspect atmosphérique et parfois électronique avec l’utilisation de samples ou d’effets assez intéressants comme sur ‘Drifts’. ‘Nettlebirds’, le dernier morceau, qui est aussi le plus long, sonne comme ‘Anesthetize’ de Porcupine Tree avec un enchaînement de parties calmes mélodiques qui ne sont là que pour permettre au « refrain » de créer un contraste surpuissant, avec ce chant très intense qui va laisser la place à un riff assez démentiel et très progressif. La fin du morceau (qui reprend après 2 minutes de silence) est un délire entre les membres du groupe avec un effet sur les voix assez dérangeant et pas indispensable.
Traverser est à l’évidence un groupe à suivre de très près et qui ne va certainement pas tarder à se frayer un chemin parmi les grands pour se tailler une part honorable dans le monde du progressif. Le nom de Porcupine Tree revenant très souvent lors de cette chronique, il n’est pas nécessaire de préciser que les fans devraient accrocher à ce « Redshift ».