Si l'on en croit leur site officiel, les anglais de Soul Thief joueraient du Psychedelic Stoner Space Funk Rock et rien de moins. "Funk City Revolution", leur premier album dont la pochette ressemble à un masque aztèque, porte un titre qui prouve que le groupe a au moins de la suite dans les idées. Et pourtant …
Pourtant, l'écoute des sept titres de l'album s'avère de prime abord déconcertante. Déroutante car, entre le titre avec ses "Funk" et "Revolution" et cette pochette colorée, l'on s'attend plutôt à une musique enlevée, dansante, et pourquoi pas gaie ? Or si 'City Ride' avec ses faux airs de Prince peut encore laisser croire un bref instant que le ramage va correspondre au plumage, les choses sont mises au point avec '68 Jailbreak', un rhythm'n'blues façon 'Dazed And Confused', à partir duquel Soul Thief ne se départira plus d'un stoner rock light et bluesy. Les mélodies sont cycliques, hypnotiques, laissant peu de place à l'improvisation. Le tempo est la plupart du temps assez lent, ne prenant le mors aux dents qu'en de rares occasions sans jamais arriver à des sommets échevelés pour autant.
Chaque titre suit peu ou prou le même schéma : sur une trame mélodique assez basique et répétitive une basse ronronnante et monolithique accompagne une batterie discrète mais plus imaginative. En avant de la section rythmique, la guitare alterne accords plaqués, arpèges et fulgurances saturées. L'album tourne autour de cet instrument, allergiques s'abstenir. De fréquents solos incisifs viennent parsemer le disque, parfois assez longs comme sur 'You're Fire!' ou 'Stranger With A Gun'. Sur 'Tigers Claw' la basse et la batterie tournent même en boucle, prétexte à la guitare pour se défouler à sa guise sur 10 longues minutes.
Le chant est mi-plaintif, mi-désabusé, le timbre aigu et flottant faisant penser tantôt à Neil Young, tantôt à Simon Buret (Aaron). Pas extraordinaire techniquement, répétant les mêmes phrases vocales une fois sur deux avec une intonation ascendante, la seconde avec la voix qui baisse, le chant n'est certes pas la pierre angulaire de l'album. Il colle cependant assez bien à la nonchalance languissante de la musique.
Si le côté cyclique et chansonnette permette une écoute aisée, "Funk City Revolution" affiche une linéarité qui, bien qu'elle rende l'album à la fois très homogène et un peu pesant, installe rapidement une certaine lassitude. A écouter en faisant autre chose ou idéal pour rêvasser.