Ah, l’album de reprises ! Chaque parution d'un cover donne lieu au même commentaire à peu près inévitable : 'à quoi bon ces resucées qui ne donnent qu’une envie, se replonger dans les originaux ?' Oui, mais quand c’est un combo aussi doué qu’Unitopia qui s’y colle, invoquant des groupes au passé prestigieux, comment ne pas être intrigué ? Voici donc “Covered Mirror Vol.1 - Smooth As Silk”, présentant pendant 75 minutes un programme plus qu’alléchant, jugez plutôt : Alan Parson’s Project, Yes, Genesis, The Flower Kings, Marillion ou Supertramp pour le progressif prestigieux, mais aussi Led Zeppelin, Tod Rundgren, les Korgis ou des groupes moins connus comme Klaatu (rock canadien) ou Icehouse (Australie). Certes, les titres ne sont pas nouveaux (parution initiale entre 1973 et 2006), mais l’affiche est prometteuse.
Le challenge, dans un bon album de covers, n’est pas de reproduire au plus près les versions d’origine, ce qui n’offrirait aucun intérêt par rapport à une simple compilation, mais bien de se réapproprier les titres en imprimant sa griffe. Aucune déception de ce côté ! Nous savions les Australiens excellents musiciens, ils le prouvent de façon éclatante en apposant leur marque : les percussions inventives (‘Rain Song’, très réussi), les claviers transcendants (Sean Timms est bien, comme l’a dit son copain Mark Trueack, un magicien des claviers), les instruments à vent aériens au possible (Daniel Burgess arrive même à éclipser John Helliwell sur ‘Even In The Quietest Moments’), et surtout la magnifique prestation de Mark Trueack au chant, avec un feeling remarquable et une précision époustouflante. Ecoutez notamment le contrôle de son grain de voix sur ‘Carpet Crawlers’, c’est du grand art ! La réinterprétation de ce morceau de Genesis est d’ailleurs un moment fort du disque, en montrant comment il est possible de faire une version remarquable en se passant des magnifiques arpèges de Tony Banks.
Malgré cela, tout n’est pas parfait dans ce premier album de reprises d’Unitopia. Si le ton général est calme - le sous-titre ‘Smooth As Silk’ est d’ailleurs clair à ce sujet - certaines interprétations sont plutôt lénifiantes telles ‘Easter’ ou certains passages du medley de Yes par exemple. Par ailleurs nos amis australiens s’essaient à un exercice périlleux : le medley. Ce collage, qui fonctionne très bien en live, peut être diversement apprécié dans le cadre d’un album studio, le choix des morceaux et le côté artificiel de la juxtaposition pourront en irriter plus d’un. Le ‘Smooth As SilkYes Medley’ paraît assez démonstratif en ce sens.
Ces défauts ne gênent en rien dans l’écoute de ce "Smooth As Silk" qui coule tout seul comme un produit fort gouleyant et qui parvient le plus souvent à concilier l’originalité de l’interprétation et le plaisir de réécouter des titres anciens. Nous ne sommes tout de même pas au niveau des exceptionnelles réussites des albums composés précédemment par Unitopia.